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Crise du coronavirus: pour une politique solidaire

La crise sanitaire du coronavirus a des conséquences lourdes sur bien des plans de notre société. Pour les Vert·e·s au-delà des questions économiques, des mesures pour protéger les personnes vulnérables doivent être prises afin de limiter l’impact négatif de la pandémie à court et à long terme. Il faut en effet constater que, par exemple, la lutte contre les violences domestiques, le soutien aux proches-aidant·e·s, l’accès à certaines ressources essentielles ou les effets néfastes du COVID-19 sur la santé des travailleur·euse·s ne sont pas vraiment des priorités politiques dans notre société néo-libérale.

Il s’agit en effet de faire des choix politiques forts allant à l’encontre de la sacro-sainte logique de marché, car cette pandémie démontre clairement les limites de ce système. Depuis combien d’années, les politiques du profit attaquent les services de santé publique? Depuis combien de semaines devons-nous faire face au cynisme PLR-UDC qui démontre leur volonté de sauver leur vision de l’économie plutôt que la vie des gens? Comment accepter que le Conseil Fédéral prévoit de sauver les compagnies aériennes plutôt que les indépendant·e·s, la presse ou les locataires? 

Face à toutes ces considérations, les Vert·e·s proposent des dizaines d’objets afin que nous sortions de cette crise grandi·e·s, sans revenir à l’ancien monde qui a causé cette catastrophe sanitaire, économique et sociale. Parmis eux, un “Green New Deal” pour la relance de l’économie, mais aussi beaucoup de demandes d’améliorations pour les indépendant·e·s, pour les travailleuses et travailleurs en première ligne, pour les familles. Pour ma part, j’ai élaboré quatre objets pour répondre à l’urgence que je compte déposer et défendre en commission et si nécessaire lors de la session extraordinaire de mai. À cela s’ajoutent de très nombreuses questions déposées officiellement auprès du Conseil fédéral, notamment sur la relocalisation de la production du matériel sanitaire, les conditions de travail du personnel de la santé et en EMS, le soutien aux artistes indépendants mis en difficulté ou encore le soutien aux personnes ayant des troubles mentaux. Je travaille aussi sur des mesures à long terme, notamment pour de vraies avancées vers un revenu de base inconditionnel.

Edit du 27 avril : pour soutenir les demandes du personnel infirmier,  je dépose en seconde séance de commission ce texte pour leur obtenir un plan de récupération : 

Applaudir ne suffit pas ! – permettre au personnel de la santé de récupérer (motion)

Les temps de crise comme ceux de la crise sanitaire du coronavirus nous montrent sur quels métiers repose notre société. Le personnel de la santé en particulier a été extrêmement sollicité, d’une part par la pression, le stress, l’incertitude et l’inquiétude, d’autre part par la péjoration de leur condition de travail via la suspension de la Loi sur le travail en ce qui concerne le temps de travail et le droit au repos. Avec elles et eux, tout le personnel hospitalier non médical mais essentiel (cuisinier·ère·s, personnel de nettoyage, brancardier·ère·s, magasinier·ère·s, personnel technique, d’assistance, etc) ont permis au pays de traverser la premières vague de la crise sanitaire, en travaillant sans protection suffisante par manque de matériel, en supportant une charge d’horaire de travail quotidien augmentée, en renonçant à ses jours de congé, en acceptant d’innombrables heures supplémentaires, en s’adaptant aux nouvelles charges, aux nouveaux protocoles, aux nouvelles conditions de travail, en côtoyant des personnes contagieuses et en craignant de contaminer leurs proches. En affrontant le virus au quotidien !

Alors que la crise n’est pas terminée, nous savons déjà que les conséquences de ces conditions de travail pour la santé physique et mentale seront lourdes. Afin d’un part de montrer la reconnaissance du pays à ces personnes en première ligne, mais aussi d’autre part de prévenir une dégradation de la santé de toutes ces personnes qui ont prouvé être indispensables au fonctionnement de notre société, le Conseil fédéral, en concertation avec les Cantons et les partenaires sociaux, doit mettre en place un plan de récupération, à déployer à la fin de la crise, au bénéfice des personnes en première ligne dans le domaine de la santé (hôpitaux, centres de soins, EMS), en terme de compensations financière et en temps de repos.

Je demande donc au Conseil fédéral de créer un fonds spécial pour un plan de récupération au bénéfice du personnel de santé et hospitalier en première ligne. Ce fonds permettra de financer un bonus correspondant, aux choix des personnes concernées, au versement supplémentaire d’un mois de salaire ou à l’indemnisation d’un mois de congé payé. 

Déconseillé de sortir, pas interdit de fuir (motion)

Les spécialistes redoutent une augmentation des violences domestiques durant la période de crise sanitaire que vit la Suisse. Le confinement serait en effet un terreau favorable aux violences conjugales. Dans les familles en proie à la violence, le confinement avec leur auteur·trice présente un risque important d’aggravation de ces violences. Il peut aussi les déclencher. 

Les victimes, principalement des femmes et des enfants, se retrouvent devant un risque accru de violence, mais aussi des recommandations contraires à leur sécurité – restez chez vous – qui peut être aussi un outil de contrôle supplémentaire utilisé par l’auteur·trice des violences. Les victimes ne savent alors même plus où s’adresser et comment demander de l’aide.

Pour lutter contre ce danger pour la sécurité publique, je demande au Conseil fédéral de mettre rapidement sur pied un projet (selon l’Ordonnance contre les violences à l’égard des femmes et la violence domestique), diffusé dans les plus brefs délais et à large échelle, pour informer les victimes potentielles – adultes comme les enfants – sur les ressources à leur disposition en cas de violences domestiques (physiques comme psychologiques). Ce projet devra s’accompagner de moyens supplémentaires pour les cantons et les associations spécialisées afin de répondre à l’augmentation des demandes, au besoin par le biais d’une demande de supplément au budget de la Confédération. 

Applaudir ne suffit pas ! – il faut protéger le personnel de vente (motion)

Face à la crise du Coronavirus, les commerces de détails tiennent un rôle capital d’approvisionnement de la population en biens de première nécessité. Les vendeurs et les vendeuses assument le risque de ce service de première ligne.

Le bon sens voudrait que tout soit mis en œuvre pour soulager la charge du personnel de vente et leur permettre de traverser cette période avec le moins de dommage possible. Malheureusement, les témoignages du personnel de vente sont tout autres et montrent que des mesures supplémentaires doivent être mises en place pour protéger leur santé et, partant, celle de toute la population.

La mise à disposition de matériel sanitaire (gel hydroalcoolique, solutions de nettoyage des surfaces, gants) et l’installation de vitres de protection doivent être obligatoires dans tous les commerces encore ouverts. Le personnel qui le souhaite devrait avoir la possibilité de porter un masque.

Par ailleurs, certains Canton et certaines communes ont élargi les horaires d’ouverture des magasins (Vaud: 20h la semaine, 19h le samedi; Fribourg: de 6 heures à 20 heures; Zürich: sans limite de temps du lundi au samedi), sous prétexte de « réduire le risque de transmission du coronavirus ». Ces mesures semblent au contraire avoir un impact négatif sur les mesures sanitaires, puisqu’elles étendent les horaires durant lesquels les gens sortent de chez eux, entrent en contact avec d’autres personnes et se retrouvent dans les espaces confinés des magasins.

Ces décisions ont de plus des impacts terribles sur la vie des collaborateurs et collaboratrices du commerce de détail : déjà dans l’inquiétude de la contagion, leur temps passé hors de chez elles et eux augmente ; déjà rendue difficile, la garde des enfants devient un vrai casse-tête ; déjà lourde pour le corps et l’esprit, l’impact de ces journées interminables de travail au service de client·e·s eux/elles-même stressé·e·s va peser encore plus sur leur santé.

C’est pourquoi je demande au Conseil Fédéral d’introduire dans l’Ordonnance 2 COVID-19 des dispositions relatives à la protection du personnel de vente du commerce de détail afin de protéger leur santé et celle de la population. De plus, en concertation avec les partenaires sociaux, le CF fixe en particulier des mesures pour les protéger de la contagion et fixe des horaires d’ouverture pour toute la Suisse. 

Pas besoin d’être en règle pour protéger la santé

En période de crise sanitaire comme celle que nous traversons, nous devons permettre l’accès aux soins aux personnes qui sont invisibles pour notre système sanitaire. Cette mesure non seulement humanitaire, mais aussi de santé publique est indispensable. C’est permettre un accès aux soins qui protège les personnes sans-papiers et sans-abri, souvent privées d’assurance maladie ou sans accès à leurs droits, mais c’est aussi nous protéger toutes et tous en limitant la propagation du COVID 19.

Éloignées des services médicaux à cause de la charge financière qu’un traitement pourrait induire, ou par la peur que leur statut ne soit découvert et dénoncé, ces personnes fragilisées sont dans une situation qui présente un risque pour elle-même et pour la population. 

C’est pourquoi, je demande au Conseil fédéral d’allouer les moyens nécessaires pour que le coût des traitements médicaux des personnes sans assurance maladie soit pris en charge, pour les personnes sans droit de séjour comme pour les personnes sans-abri ou les touristes. Une confidentialité absolue concernant leur statut légal en matière de droit de séjour doit être garantie par les établissements de soin pour ne pas décourager les personnes sans-papiers de se faire soigner. 

Ne laisser aucun·e proche aidant·e dans le besoin

La crise du coronavirus affecte aussi les proches aidant·e·s : à cause de la distanciation sociale et du semi-confinement, ces personnes dont dépend une partie de la population sont encore plus seules face aux besoins de leurs proches lorsque les institutions résidentielles à la journée ou les structures de jour ferment. Ces personnes, en charge de leurs enfants handicapé·e·s, de leur conjoint·e diminué·e ou de leurs parents n’étant plus autonomes doivent pouvoir bénéficier du droit à l’APG au même titre que les parents qui doivent interrompre leur activité lucrative pour garder leur enfant.

Les institutions qui accueillent en temps normal des personnes à la journée pour décharger leurs proches qui travaillent sont en mesure d’attester du statut de proche aidant, quand celui-ci est exigé.

Par conséquent je demande au Conseil fédéral d’étendre l’Ordonnance sur les mesures en cas de pertes de gain en lien avec le coronavirus (Ordonnance sur les pertes de gain COVID-19) aux proches aidant·e·s.