Skip links

Intégrer le genre dans la formation et la recherche médicale

Le Conseil Fédéral est chargé de faire modifier les critères d’attribution FNS et de renforcer l’application des guidelines nationales pour intégrer la perspective de genre dans la recherche et la formation médicale

Développement

Pour des raisons historiques et de simplification, la recherche en santé a été fait sur des corps masculins et les résultats ont été extrapolés à ceux des femmes. A partir des années 1960, cet état de fait a été remis en cause. Les femmes présentent parfois des symptomatologies, des pronostics ou des réactions aux traitements qui sont différents, soulignant le besoin de comprendre les différences biologiques existantes. Pour certaines pathologies comme les troubles anxio-dépressifs ou l’ostéoporose, les disparités sont en défaveur des hommes, ces pathologies étant considérées comme touchant principalement les femmes. 

A partir des années 1990, l’inclusion des femmes ou animaux femelles dans la recherche fondamentale ou clinique est devenue pratique recommandée (en Europe) ou obligatoire (aux USA). En Suisse, le FNS se limite à émettre des recommandations sur l’égalité des chances et la représentativité des femmes dans la recherche comme autrices mais pas comme sujets. Les projets de recherche soumis au FNS sont évalués et attribués sans qu’une attention ait été portée à cette garantie de « good science » pour une représentativité de la population générale. Cette pratique n’encourage pas à améliorer les connaissances sur les différences (ou similarités) hommes-femmes, et de fait à réduire les inégalités observées dans la distribution des maladies et mortalité. Beaucoup d’inconnues demeurent sur les facteurs biologiques et/ou sociaux expliquant ces inégalités, et le besoin d’évidence est crucial. Par ailleurs, mener des recherches sur des sujets masculins uniquement représente un investissement financier gaspillé, puisque les résultats ne pourront pas s’appliquer à l’entièreté de la population. 

La demande est double : (1) que les instances de recherche  (FNS, Swissmedic,…) appliquent les exigences européennes ou américaines sur l’inclusion des femmes dans tous les projets de recherche financés (au-delà de la médecine) ; et (2) davantage de moyens pour combler le manque de connaissance sur l’influence du sexe/genre (fill the gap).

Dans le domaine de la formation des médecins, les récents guidelines nationales prennent en considération la perspective de genre, mais de manière trop restreinte. Il est nécessaire de développer ces aspects dans le cursus prégrade (École de médecine, Universités) et postgrade (formation continue en milieu clinique). Il est ainsi également souhaité que le Conseil fédéral entre en discussion avec la FMH pour que cette dernière intègre la perspective de genre et ses effets sur la santé dans toutes ses formations, et notamment dans l’attribution de la certification FMH. Pour chaque spécialisation, une formation sur l’influence du genre doit être incluse.

Selon sa réponse à la motion Heim 19.3577, le Conseil fédéral ne peut agir car les demandes de la motionnaire ne sont pas de sa compétence. C’est pour cela que cette motion se concentre sur deux objets spécifiques : les attributions FNS et les cursus guidelines nationales. Le rapport faisant suite au postulat Fehlmann Rielle 19.3910 pourra être une base de ce travail.