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Lausanne, chef-lieu de la bande dessinée

La bande dessinée trouve peu à peu sa place parmi les arts majeurs en Europe. Des publications scientifiques et grand public lui sont consacrées, tout comme des expositions ou des festivals à grand succès. Segment le plus dynamique du marché du livre, le neuvième art est surtout un moyen d’expression particulier, qui ne relève ni uniquement du livre ni uniquement des arts visuels et qui séduit tous les âges et toutes les populations. La bande dessinée se lit, s’expose, se collectionne, s’étudie, se patrimonialise.

Lausanne a la chance de posséder un fonds d’œuvres et de documentation sur la bande dessinée, le Centre BD des Bibliothèques et Archives de la Ville de Lausanne, plus grand fonds de Suisse et deuxième fonds européen. Notre ville accueille également depuis bientôt 12 ans un festival de bande dessinée, BDFIL, dont la qualité est reconnue internationalement et qui prends encore de l’importance avec le succès de sa récente Revue Bédéphile. De plus, face aux problèmes que rencontre actuellement le festival d’Angoulême, notre festival a la possibilité d’occuper une place prépondérante en Europe.

BEDEPHiLE_COUV_1e-avec-bandeau-OK-475x599Nous pouvons ajouter à ces deux pôles des acteurs de la bande dessinée qui œuvrent pour sa valorisation lausannoise : le Groupe d’étude sur la BD de l’Université de Lausanne (GrEBD) ; la Fondation Murs à dessins, mandataire des fresques BD, dont la première est L’Aventure de Zep dans le quartier du Rôtillon ; les librairies spécialisées ; les écoles de dessins privées qui proposent des cursus spécialisés (Ceruleum, Ecole d’Arts visuels Lausanne).

Lausanne a donc une place à jouer dans ce panorama de la bande dessinée. Pourtant, le neuvième art reste un axe parmi d’autres de la politique du livre lausannoise alors que Lausanne pourrait avoir un rôle de leader dans ce domaine artistique qui, par son caractère transmédial, demande une politique spécifique. Dans ce cadre, il pourrait être pertinent de dédier un lieu à la bande dessinée plus ambitieux sur ce plan que la Maison du livre, qui ne prévoit pas, par exemple, de lieu d’exposition consacré au neuvième art.

L’idée d’une Maison de la bande dessinée n’est pas neuve, elle avait déjà été étudiée à Sierre à l’époque du Festival international de la Bande dessinée de Sierre (ancêtre de BDFIL) et la Municipalité de Lausanne s’était engagée à avancer sur ce projet lorsque le festival BDFIL a pris ses marques dans la capitale vaudoise. De telles structures existent déjà par exemple à Bruxelles, à Angoulême mais aussi à Kyoto, avec un succès non démenti. En Suisse romande, pourtant pôle de création et de réception important de la bande dessinée, aucune structure d’importance n’existe. Sa présence à Lausanne ferait parfaitement sens, tant pour mettre en valeur le patrimoine de la ville que pour soulager BDFIL, qui peine année après année à trouver des lieux pour accueillir les expositions et activités du festival. Dans ce cadre, le prochain déplacement du Mudac de la Maison Gaudard, qui a demandé des aménagements onéreux pour sa conversion en musée, ouvre des perspectives intéressantes.

De plus, la ville de Genève a montré clairement qu’elle souhaitait se centrer sur la production (formation, édition, prix à la création), laissant à Lausanne le soin de la valorisation (grâce à BDFIL, au Centre BD, au GrEBD, etc.). Cet embryon de collaboration interrégionale est une chance dont doit se saisir Lausanne pour asseoir une position forte dans le domaine de la bande dessinée, non seulement en Suisse Romande mais aussi en Europe. De tels efforts apporteraient à Lausanne un rayonnement culturel supplémentaire, mais permettraient également de dynamiser un domaine culturel romand qui prend aussi racine dans la capitale vaudoise et qui fait vivre des artistes, des éditeurs et des libraires.

Pour aller dans ce sens, j’ai donc déposé un postulat pour proposer à la Municipalité d’étudier les moyens de soutenir spécifiquement la bande dessinée à Lausanne, notamment :

  • un projet de Maison de la bande dessinée, qui pourrait permettre l’exposition, l’étude, la patrimonialisation et la lecture de la bande dessinée, par exemple dans la Maison Gaudard ;
  • la possibilité d’y accueillir également tout ou partie des activités du festival BDFIL ;
  • la mise en réseaux des acteurs de la bande dessinée dans la ville ;
  • la collaboration et les échanges avec la ville et le canton de Genève.

Image à la une: affiche de Loustal pour BDFIL 2011, magnifiant la superbe vue sur le lac depuis notre ville.