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Ma politique de santé, 1er volet : Placer les patient·e·s au centre

Une bonne santé est l’élément-clé du bien-être. Les pollutions et le réchauffement climatique ont une influence désormais avérée sur la santé de la population, en Suisse et ailleurs. Or, la Santé est un droit fondamental. Elle est donc naturellement au cœur de mes préoccupations écologistes et je suis heureuse de pouvoir participer à la politique qui la concerne  à la commission de la sécurité sociale et de la santé publique. Avec cette note de blog, je vous présente le premier volet de ma vision de la politique en matière de santé. Deux autres publications suivront. 

Mentionnons, tout d’abord, que le système de santé suisse est une fierté nationale. La qualité des soins est excellente et l’offre thérapeutique couvre très largement les besoins de la population. Ce système est donc à bichonner, mais il arrive à un point de rupture. Le vieillissement des citoyen·ne·s, les coûts de la santé, l’autoritarisme médical de plus en plus mal supporté, les conditions de travail difficiles des praticiens et praticiennes nous mettent, élu·e·s, face au devoir de repenser une politique de la santé gangrénée par les intérêts financiers et bien trop souvent dépassée par les enjeux contemporains.

Ensuite, il est utile de rappeler que le groupe le plus conséquent du système de santé est celui des patients et des patientes. Pourtant ses intérêts sont très peu entendus, puisque c’est aussi le groupe le moins riche et le moins organisé. C’est donc au Parlement, la chambre du peuple, de les défendre, face à l’appétit mercantile – légitime par ailleurs – des assurances maladie, des groupes pharmaceutiques, des groupes hospitaliers, etc.

Le·la patient·e partenaire, c’est mettre au centre son projet de vie et le/la faire participer à son élaboration, c’est consacrer notre temps de réflexion d’abord à la qualité humaine et technique des soins, avant de penser aux coûts et de voir la santé comme un vaste marché économique où il y a de l’argent à se faire, et à économiser. C’est confier sa santé d’abord à la médecine de famille, qui doit redevenir le socle de notre système de santé, car les médecins de famille sont les partenaires durables et empathiques du·de la patient·e, considéré dans sa globalité et écouté dans son individualité. Les médecins de famille sont les gardien·ne·s du système de santé, ils et elles doivent avoir les moyens de faire de la prévention et de prescrire – ou non – le recours à une médecine spécialisée. Pour que cela devienne une réalité, les étudiant·e·s en médecine doivent être encouragé·e·s à suivre cette voie, notamment par le biais de stages et les jeunes médecins à poursuivre leur carrière, grâce à des modèles de temps de travail qui respectent leur santé physique, mentale et sociale. La charge administrative, souvent causée par la volonté des assurances de payer le moins possible, doit être considérablement allégée, afin de consacrer du vrai temps aux patientes et patients.

Cela est vrai pour toutes les professions de la santé, et peut-être particulièrement pour les postes moins reconnus, souvent occupés par des femmes, qui souffrent terriblement d’un manque d’attractivité: les soins infirmiers et les soins à domicile. Sous-payées, une formation mal reconnue et mal soutenue, les conditions de travail qui poussent la moitié d’entre elles à changer de carrière: ces positions clés de notre système de santé doivent bénéficier d’une vraie offensive de formation, d’importantes revalorisations salariales et d’une reconnaissance plus grande dans la coordination des soins. C’est ce que demande l’initiative sur les soins infirmiers. Autre oubliée: la coordination des soins, censée améliorer l’efficience – bon pour les finances et pour la qualité – mais qui ne bénéficie d’aucun financement fédéral. Là encore, les patient·e·s ne peuvent alors que peu participer à l’élaboration de leur projet de soin, perdus dans un système où la coordination manque.

Il s’agit aussi de donner leur plus de pouvoir direct, en s’assurant que les compétences des patient·e·s et leurs volontés ont une place considérable et considérée sur les plans thérapeutiques qui les concernent. À cette fin, éduquer patient·e·s et praticien·ne·s à une collaboration dans le système de santé permettra autant d’améliorer la qualité des soins que l’adhésion aux prescriptions médicales. Dans ce sens, la médecine complémentaire peut avoir un rôle à jouer si on lui en laisse la possibilité : réclamée et utilisée par une majorité de la population suisse, elle répond à un vrai besoin de prise en charge globale et d’écoute, en considérant chaque être comme étant plus que la somme de ses membres et ses organes.

Par ailleurs, le dossier électronique du patient (DEP), dont le lancement semble malheureusement retardé pour le moment, est une formidable opportunité d’augmenter le pouvoir des patients et des patientes, s’il est mis en place dans leur intérêt. Rappelons tout d’abord que nos données médicales nous appartiennent à nous et à nous seul·e·s. Or elles sont actuellement aux mains des médecins et des assurances. Le DEP doit être l’occasion pour toutes et tous de remettre la main sur nos données sanitaires afin de monitorer notre santé en toute indépendance. Cela implique un accès facile et gratuit, la lutte contre la fracture numérique avec des programmes éducatifs, la souveraineté des données et leur protection étendue, la restriction d’accès à ces données et le droit à leur suppression. Sans ces garde-fous, le DEP sera un échec sanitaire et démocratique. Mais le DEP devra également être un outil interactif et au bénéfice des patient·e·s, contenant par exemple les plans de médication et de soin partagés, comme cela est prévu en Romandie.

Pour atteindre ces différents objectifs, les pouvoirs publics communaux, cantonaux et fédéraux seraient bien avisés de soutenir avec volonté les associations de patient·e·s qui portent la vision des usager·ère·s de ce système de santé en mutation forcée.