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Injuste, inutile, incohérente et dépassée : PV2020 a tout pour déplaire

La campagne contre PV2020 se concentre principalement sur les deux immenses injustices qu’elle enferme : l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, alors même que nous sommes prétéritées financièrement tout au long de notre carrière et la hausse de la TVA, qui va rendre la vie plus chère à toutes et tous. Mais en plus d’être injuste, cette réforme est inutile, incohérente et dépassée !

Une énième révision inutile ?

Contrairement au discours ambiant, il faut rétablir la vérité : l’AVS va bien ! Elle possède actuellement une réserve de plus de 44 milliards de francs et présente année après année des résultats excédentaires, malgré les prévisions toujours pessimistes du Conseil fédéral (excédent de 436 millions de francs en 2016, et de 2 milliards en 2010, alors que le Conseil fédéral prévoyait un trou de 15 milliards pour cette date !). Pourquoi ? Parce que la productivité a augmenté et que le nombre de travailleurs grossit – notamment grâce à l’augmentation du nombre de femmes salariées. Rien ne permet de croire que cette tendance va diminuer !

Certes, des craintes persistent quant à absorption des baby-boomers par l’AVS. Mais pour faire face à cette crise passagère, il y a d’autres solutions que d’augmenter l’âge de la retraite et la TVA. En premier lieu faire respecter l’égalité salariale (+ 650 millions pour l’AVS) et augmenter les salaires, qui n’ont pas suivit l’augmentation des rendements (contrairement aux rémunérations des actionnaires). Ce qui est sur, c’est que PV2020 ne résout rien.

Un discours incohérent

Les tenants de PV2020 souhaitent augmenter les cotisations pour la LPP de manière très importante, ce qui va impacter les charges des employeurs comme le revenu des employés, alors que les mêmes soutenaient qu’une petit hausse des cotisations de pour l’AVS – assurance égalitaire – tuerait l’économie et les petites entreprises (initiative AVSplus). PV2020 prévoit de plus de baisser les rentes du 2ème pilier, réduisant d’autant les moyens des retraités: les salariés s’apprêtent à payer plus pour toucher moins! L’incohérence de ce discours montre facilement l’objectif visé : favoriser le 2ème pilier, cette prévoyance non-universelle qui enrichit des caisses de pension, au détriment de l’AVS, cette assurance publique qui profite à toutes et tous.

Un modèle dépassé

Cela est d’autant plus préoccupant que le modèle de la LPP est bientôt obsolète. Basé sur un type de carrière masculin « années 1950 » (emploi à temps plein linéaire sur 40 années d’activité, sans chômage ni divorce), il ne correspond plus à la réalité de la majorité des travailleurs d’aujourd’hui et n’a jamais correspondu à celle des travailleuses (temps partiel, travail de soin non rémunéré, carrière discontinue). Pour toucher une bonne retraite du 2ème pilier, il faut accumuler un capital de 500’000.- : peu de femmes y arrivent et l’objectif est difficilement réalisable pour de plus en plus d’hommes.

Mais surtout, le modèle est dépassé car nous aspirons à plus de temps pour nous et nos loisirs, pour nos engagements associatifs et nos responsabilités auprès de nos parents, de nos enfants et de nos petits-enfants. Nous vivons tous dans l’impression que nous manquons de temps et cette impression augmente avec l’âge. C’est pour cette raison que de nombreuses personnes font le choix de la retraite anticipée, même si cela implique des rentes plus basses. Or, PV2020, en plus de forcer les femmes à travailler une année de plus, recule l’âge minimal donnant droit à une rente de 58 à 62 ans : l’augmentation de l’âge de la retraite pour toutes et tous !

Et même avant ce moment de la vie, nous payons divers services pour gagner du temps, ou plutôt pour ne pas en perdre en faisant des tâches considérées comme ingrates. Le ménage, les courses, les démarches administratives : des services existent pour les faire à notre place et notre société sous pression y a de plus en plus recours. Ce qui est précieux maintenant, c’est le temps libre ! Augmenter l’âge de la retraite et favoriser un modèle de prévoyance qui se base sur une carrière sans détour va complètement à l’encontre de nos besoins humains et pénalise l’ensemble de la société. Parce qu’elle est dépassée en plus d’être injuste, inutile et incohérente, je voterai donc NON à la Prévoyance vieillesse 2020.

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