La marée de témoignages de cas de harcèlement sexuel* qui occupent réseaux sociaux et discussions a surpris même les observatrices et observateurs les plus habitués et intéressés au phénomène. Leur nombre et la lourdeur des histoires rapportées montrent que le harcèlement sexuel est partout alors qu’il est intolérable. Le Canton de Vaud n’y fait pas exception, mais il peut agir !
Les témoignages montrent que les femmes et les personnes LGBT’ sont victimes de harcèlement sexuels dès leur plus jeune âge, dans l’espace public mais aussi à la maison par les blagues d’un oncle ou même à l’école par un enseignant ou un médecin scolaire. Ils rapportent aussi de grandes insuffisances dans la prise en charge des victimes par la police et la justice. Les histoires se répètent et se suivent dès l’adolescence et font de la vie quotidienne des femmes un champ miné. Cette situation est injuste et pénalise tant les femmes que les hommes, tous assimilés à des harceleurs potentiels.
Pour ma part, ces dernières semaines ont été lourdes en émotion, mais aussi pleines d’espoirs de voir une telle solidarité entre les femmes se nouer. J’ai aussi avec une grande satisfaction vu des hommes se déclarer solidaires de ce mouvement, non seulement en pensées mais aussi en acte, car la lutte contre le harcèlement sexuel est l’affaire de tous: si on ne lutte pas contre ses manifestations lorsqu’on en est témoin, on en devient coupable!
J’ai dès lors déposé un postulat au Grand Conseil demandant que le Conseil d’Etat étudie et propose un plan d’action contre le harcèlement sexuel (ciblé ou « d’ambiance »), fondé sur l’éducation et pensé pour prévenir ces cas auprès des auteurs plutôt que pour culpabiliser les victimes. Il suggère notamment au Conseil d’Etat d’étudier l’opportunité de :
- mettre en place une campagne de sensibilisation contre le harcèlement sexuel au sein de ses services, mais aussi largement à destination du grand public (auprès des employeurs et maîtres d’apprentissage particulièrement) ;
- introduire l’éducation au consentement dans le programme scolaire, par exemple via l’éducation sexuelle ;
- mettre en place et imposer à toute la chaîne judiciaire vaudoise une formation pour la prise en charge des victimes de violences sexistes ;
- entreprendre des démarches auprès de la Confédération pour demander de moderniser et renforcer la législation contre les violences sexistes.
Ce postulat devrait également permettre au Conseil d’Etat de faire l’état et le bilan de son action dans la lutte contre le harcèlement et le harcèlement sexuel en particulier au sein de l’administration cantonale (comme l’art. 5 de la loi sur le personnel le demande), ainsi que de celle du groupe Impact, de la marge de manœuvre et de l’impact – justement – de celui-ci. Ce postulat demande de plus au Conseil d’Etat d’établir et de faire connaître une politique de tolérance zéro face au harcèlement sexuel au sein de son administration et de toutes les entités aux financement desquels il participe directement ou indirectement (sur le modèle « qui harcèle, pars !»), au-delà des jeux de rôle et des exercices de mise en situation actuellement proposés.
*Le harcèlement sexuel se définit par tout comportement importun de caractère sexuel ou tout autre comportement fondé sur l’appartenance sexuelle, qui porte atteinte à la dignité de la personne sur son lieu de travail constitue un harcèlement sexuel. En particulier, le fait de proférer des menaces, de promettre des avantages, d’imposer des contraintes ou d’exercer des pressions de toute nature sur une personne en vue d’obtenir d’elle des faveurs de nature sexuelle. On distingue deux types de harcèlement : le chantage et le climat de travail hostile. Site de l’Etat de Vaud, 24 novembre 2017