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Cessez-le-feu immédiat

Les semaines se succèdent et les informations horrifiantes sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza s’accumulent. Toujours plus d’attaques contre des civil·e·s. Toujours plus de famine. Toujours moins de soins. Toujours plus de blessé·e·s. Toujours plus de terreur. Toujours plus de mort·e·s, par dizaines de milliers. Et toujours pas de cessez-le-feu en vue, même en respect du Ramadan… 

En décembre je suis rapidement intervenue sur la question de la protection des droits sexuels en période de conflit. Mais aujourd’hui nous devons faire bien plus: la situation à Gaza est inhumaine. Nous devons en Suisse aussi, être actifs. Dénoncer et agir, même si nous ne pouvons que bien peu face à l’horreur de la situation.

Contextualisons quelque peu. Au 13 mars, on dénombre 1’200 mort·e·s (dont 36 enfants) et 7’500 blessé·e·s en Israël et 138 otages. Dans la seule bande de Gaza, 31’272 personnes ont perdu la vie  (dont 5’350 enfants). Près de 70’000 personnes sont quant à elles blessées dont plus de 12’300 enfants. Les femmes et les enfants représentent 70% des victimes. Le court cessez-le-feu de la fin novembre 2024 n’a permis la libération que de 110 otages et 240 prisonnier·ère·s. S’agissant du domaine de la santé, en novembre 2023 déjà on estime que près de la moitié des hôpitaux étaient hors service et que près de 175 membres du personnel de santé de la bande de gaza avaient été tués. Très récemment encore, les forces israéliennes ont assiégé un hôpital, arrêté du personnel soignant et coupé l’accès aux médicaments. Cet hôpital est pourtant le plus important encore en service à Gaza. À cette liste d’atrocités il est malheureusement possible d’en ajouter d’autres : mise à mort ciblée de journalistes par les forces israéliennes, les frappes israéliennes qui visent les camps de réfugié·e·s ou encore les attaques des colons sur la population palestinienne en Cisjordanie.

La Suisse doit s’engager avec vigueur pour un cessez-le-feu permanent et  ce sans aucune ambiguïté. Certaines autorités politiques ont été capable de faire ce pas notamment le Parlement jurassien. Une telle position ne peut être cohérente que si d’autre part, les autorités fédérales sont conséquentes. Être conséquent aujourd’hui en tant que pays dépositaire des conventions de Genève, cela signifie arrêter la livraison d’armes à Israël, arrêter l’achat de matériel militaire à Israël et appeler autant que possible au respect du droit international et notamment la décision de la Cour internationale de justice. Un cessez-le-feu ne doit toutefois pas empêcher la bonne marche de la justice internationale qui doit s’emparer des actes commis contre les civil·e·s au Moyen-Orient. La Suisse ne doit pas non plus rester indifférente aux appels à la déportation toujours plus fréquents qui sont émis par des membres du gouvernement israélien et se doit d’avoir les faits et rien que les faits en tête lorsqu’elle décide ce qu’elle offre comme aide humanitaire. En effet à ce jour, 1,5 millions de Palestiniens et Palestiniennes ont été déplacé·e·s à la frontière sud avec l’Égypte. Elle doit condamner ces injonctions et rappeler avec droiture les droits fondamentaux. En effet, si les actes terroristes du 7 octobre 2023 étaient d’une atrocité indicible, le massacre de la population palestinienne et l’inaction des pays occidentaux le sont aussi.

Plus localement, aussi nous devons et pouvons agir. Le Parlement fédéral doit par exemple revoir sa loi sur les embargos. Le Conseil fédéral peut débloquer plus de fonds plutôt que d’en retirer à des ONG. À l’heure où l’action humanitaire semble de plus en plus compromise, agir sur d’autres plans est donc devenu indispensable.  

Enfin, quel que soit l’avis que l’on porte sur le conflit, il nous faut nous engager avant tout pour l’aide humanitaire. Cela passe immanquablement par le financement de l’agence UNRWA qui joue un rôle essentiel dans la bande de Gaza. Alors qu’il nous faut augmenter le soutien de la Suisse à cette agence, la majorité politique à Berne cherche sans cesse à couper ou diminuer la subvention à cette aide humanitaire.

Les récentes déclarations du gouvernement israélien montrent bien l’absence d’espoir d’une paix à court ou moyen terme. S’opposer aux attaques est donc plus que jamais nécessaire face à ce qui semble tristement devoir durer encore bien trop longtemps.

À mon échelle, j’ai déposé une interpellation sur la santé sexuelle en Palestine pour analyser l’impact de la baisse de soutien de l’UNRWA sur la santé sexuelle et reproductive à Gaza, des violences sexuelles perpétrées dans le cadre de ce conflit et sur le soutien aux professionnels de santé sur place. Surtout, le sort des femmes enceinte qui se préparent à accoucher dans cet enfer m’émeut particulièrement. Les VERT·E·S ont enfin décidé d’agir de façon plus active et conséquente au Parlement fédéral, avec une position renforcée qui dénonce sans les agissements du gouvernement Netanyahou et demande des comptes au Conseil fédéral. Une série d’autres objets ont ainsi été déposés lors de cette session de printemps 2024. Mardi 12 mars, le groupe des VERT·E·S a également auditionné Philippe Lazzarini, le Commissaire général de l’UNRWA, afin de lui renouveler son soutien et réfléchir ensemble à des solutions venant de Suisse.

Nous avons peu de poids face aux images et aux faits qui nous parviennent de Gaza. Nous pouvons au moins utiliser notre voix au Parlement pour que la Suisse agisse là où elle peut. C’est ce que nous avons fait cette session de printemps 2024, et nous maintiendrons la pression dans ce sens.