Madame la présidente, Madame la conseillère fédérale, chers et chères collègues,
Notre chef de groupe et rapporteur a bien rappelé que nous ne parlions aujourd’hui que du contre-projet indirect à l’initiative, mais si nous avons ici ce débat, c’est bien parce qu’une partie de la droite de ce pays a lancé une offensive islamophobe contre les membres de la communauté musulmane de ce pays, en utilisant la burka comme prétexte, et en particulier l’égalité.
Je déteste la burka et tout ce qu’elle représente et dit de la vision des femmes. Mais je déteste du coup encore plus les circonstances de ce jour qui me font défendre le droit de porter la burka en Suisse. Je me retrouve dans cette situation pour trois raisons simples, qui sont basées sur trois valeurs que nous devrions toutes et tous partager ici :
- on ne déshabille pas une femme de force
- on ne libère pas les gens malgré eux
- on ne punit pas les victimes d’une oppression
Légiférer sur la burka ou la dissimulation du visage en Suisse est aussi absurde que légiférer sur la ceinture de chasteté : le nombre de cas concernés est extrêmement réduits, les cantons sont souverains en la matière et surtout le cadre législatif suffit amplement à répondre aux cas de contrainte. Un nouveau cadre légal qui interdirait la dissimulation du visage ou la ceinture à clé pour les épouses ne permettrait pas de répondre à la vraie préoccupation de celles et ceux qui se préoccupent du droit des femmes dans ce pays. C’est pour cela que les Vert·e·s s’opposent au contre-projet : un contre-projet, c’est reconnaître qu’il y a un problème. Or, il n’y a pas de problème de burka en Suisse, pas plus que « d’islamisation rampante ».
De nos collègues à gauche et au centre, que je sais pour certain·e dans un dilemme éthique important face à la burka, que nous pouvons que respecter, à nos collègues UDC qui se découvrent une fibre égalitaire que nous ne pouvons qu’applaudir, et bien ces préoccupations ne trouveraient réponse ni dans l’initiative ni dans le contre-projet mais bien dans des moyens supplémentaires mis dans les mesures psycho-éducatives, dans les bureaux de l’égalité et dans l’aide internationale au développement que je me réjouis de voir toutes et tous soutenir durant les prochaines années!