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Couper l’herbe sous les pieds des dealers

Madame la Présidente, cher·ère·s collègues,

Geschätze Kolleginnen und Kollegen,

L’année passée, 500 000 Suissesses et Suisses ont fumé du cannabis contenant plus de 1 % de THC, malgré son interdiction. Ce chiffre est celui de l’Office fédéral de la santé publique qui rapporte également que le cannabis est de loin la substance illicite la plus consommée en Suisse. 

Dans certaines villes, il est plus facile de se procurer du cannabis que du pain le dimanche matin. Cette situation n’est pas le fait du laxisme des pouvoirs publics, puisqu’une grande part des financements en matière de drogue est consacrée à la répression. Cette situation est le résultat d’une gestion incohérente des drogues les unes par rapport aux autres : parce que la vente du cannabis n’est pas contrôlée par l’État, comme l’est celle de l’alcool ou du tabac, cette vente est aux mains des mafias. Le deal de rue, hydre dont aucun pays n’arrive à se défaire, cible tou·te·s les client·e·s possibles, y compris les enfants, avec des produits dont la qualité, ou l’absence de qualité, peut être dangereuse. Le marché noir est donc tout puissant, alors que la prévention est inefficace parce que totalement inexistante. Vous en conviendrez, il nous faut un nouveau cadre légal.

Comme pour l’alcool et pour le tabac, nous devons pouvoir réguler le marché et surtout porter un message de prévention pour ne plus se contenter de répéter l’inefficace “fumer, c’est mal !”. En coupant l’herbe sous les pieds des dealers, nous prenons le contrôle de la vente : à qui, quand, quoi, combien. Nous pouvons agir sur les prix et transmettre un message de prévention construit, comme nous le faisons contre l’alcoolisme ou le tabagisme. Et il est temps, car il faut bien voir que le système actuel favorise la consommation non contrôlée de cannabis. Or, quand elle est excessive, comme pour toutes les drogues, elle peut avoir des effets dramatiques. L’addiction est une maladie : nous devons nous donner les moyens d’accompagner correctement les personnes concernées. Pour y parvenir, il nous faut un nouveau cadre légal.

Il faut aussi rappeler que derrière chaque consommatrice et chaque consommateur se trouve une famille et des proches qui doivent supporter des situations parfois très lourdes d’un point de vue émotionnel et humain. Or la réponse actuelle, une interdiction qui n’est pas adoptée par la population d’une part et le champ libre laissé au marché noir d’autre part, ne peut que laisser les proches des consommatrices et consommateurs désemparé·e·s. Pour leur donner une autre réponse, nous avons besoin d’un autre cadre légal.

C’est tout l’enjeu du débat d’aujourd’hui : regarder la réalité en face, constater l’échec et prendre ses responsabilité en essayant autre chose. L’entrée en matière de la loi sur les stupéfiants est nécessaire : il faut laisser les communes et les cantons qui le souhaitent tester une autre solution, quelque chose qui fonctionne peut-être mieux. Cette modification nous permettra d’effectuer des études scientifiques sérieuses sur la consommation récréative du cannabis. Sur la base de données scientifiques objectives, ce test devrait nous permettre de mener un débat constructif pour trouver un nouveau cadre légal qui fonctionne et qui se soucie de la santé de toutes et tous.

Limité dans le temps et très contrôlé, ce test ne donnera en effet que cela : des données qui nous permettront, ici, de discuter avec toutes les informations en main, de la consommation du cannabis en Suisse. S’il devait se montrer concluant, une modification du cadre légal passerait de toute manière devant le Parlement. S’il devait se montrer décevant, la question de la réglementation, d’un point de vue de la santé publique, serait terminée.

Le mois passé, les députées et députés vaudois·es on choisit d’associer mon canton, le Canton de Vaud, au test de consommation légal de cannabis. Des soutiens ont été émis au sein de tous les partis, y compris de l’UDC, car toutes et tous nous sommes conscientes et conscients que nous devons trouver un autre modèle. En essayant une autre manière de traiter le cannabis, nous nous donnons peut-être une meilleure chance face à cette drogue. Le groupe des Vert·e·s vous encourage à faire preuve du même bon sens et à soutenir l’entrée en matière sur la modification de la Loi sur les stupéfiants.