Les grévistes du climat ont adopté un précepte fort: la lutte pour l’écologie sera féministe ou ne sera pas. C’est une affirmation particulièrement importante, car face au grand défi de ce siècle, la survie de l’humanité, il faut bien garder en tête que celles et ceux qui souffriront en premier lieu et le plus douloureusement du réchauffement climatique sont les communautés déjà discriminées, les couches de la population les plus pauvres et, toujours confrontées aux violences et aux discriminations : les femmes.
Or, nous ne concevons pas de préserver l’environnement seulement pour que les privilégié·e·s en bénéficient. En tant que spécialiste de l’écologie, nous luttons au contraire pour des écosystèmes fonctionnels, c’est-à-dire où chacune et chacun a sa place et peut s’y épanouir à son plein potentiel. Les discriminations rendent au contraire le système dysfonctionnel.
L’égalité est donc dans l’ADN des Vert·e·s. Je suis d’ailleurs fière de faire partie d’un mouvement politique pionnier en la matière : première femme présidente nationale d’une formation politique (en 1985), record de femmes élues dans toute la Suisse, fer de lance des candidatures féminines pour le Conseil des États, etc. La vague verte s’associe, avec les Vert·e·s d’une vague violette, non seulement au sein des élues mais aussi dans les représentantes et représentants pour qui l’égalité n’est pas une question mais une réalité vécue, à faire exister dans tout le pays. Ce nouveau Parlement donne justement des espoirs aux militantes et militants vert·e·s et violet·e·s, pour que ENFIN l’égalité avance sérieusement dans ce pays. Car de très nombreux chantiers restent ouverts.
En juin de cette année, plus d’un demi million de personnes sont descendu.e.s dans la rue pour crier haut et fort que cela suffit. Comment le Conseil fédéral leur a-t-il répondu ? En proposant une nouvelle hausse de la retraite des femmes. Comment le Parlement leur a-t-il répondu ? En acceptant, à la raclette, un congé paternité de 2 semaines plutôt que 4, minuscule avancée désormais combattue par un référendum issu des milieux bourgeois. Comme les associations patronales ont-elles répondu ? En s’opposant encore et toujours au contrôle de l’égalité des salaires que nous attendons depuis plus de 40 ans.
Nous voulons l’égalité, pas la charité ! L’égalité n’est rien de plus que ce à quoi nous avons droit. Et pour l’obtenir, nous allons garder la même motivation que celle qui a poussé des centaines de milliers de femmes et d’hommes solidaires dans les rues le 14 juin pour faire la grève : nous sommes fières, vénères et pas prêtes de nous taire !
Pour les 4 prochaines années, voici donc nos objectifs : refuser l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, obtenir un réel congé parental et enfin faire appliquer la loi en matière d’égalité salariale. De plus, deux autres enjeux en particulier vont nous occuper durant cette législature.
La lutte contre les violences faites aux femmes
Le code pénal suisse est complètement préhistorique, sexiste et insuffisant face à la gravité des problèmes auxquels les femmes, les familles, la police et la justice font face. Nous voulons changer ce code pénal notamment en redéfinissant les agressions sexuelles et en particulier le viol autour de la notion de consentement. Nous voulons aussi mettre un terme au fléau des féminicides, avec de vraies mesures pour préserver toutes les victimes et éloigner efficacement les auteurs. Pour finir, il faut rappeler un règle simple : on ne déshabille pas une femme de force ! C’est pourquoi les Vert·e·s vont s’opposer fortement à l’initiative interdisant la burqa, qui cache mal un racisme primaire derrière des arguments égalitaires fallacieux.
Mariage et adoption pour toutes et tous
L’un des grands enjeux de cette législature sera d’abolir une discrimination injustifiable en 2020 dont souffrent les personnes LGBTIQ+, encore citoyen·ne·s de seconde zone aux yeux de la loi puisque le mariage entre personnes du même sexe n’est toujours pas possible. Le mariage et la PMA doivent être accessibles aux couples qui le souhaitent, indistinctement de l’orientation sexuelle des personnes le formant. Des avancées franches en faveur des droits des personnes trans sont aussi à obtenir urgemment.
Il faudra le rappeler encore très souvent : le nouveau Parlement porte des espoirs car la majorité absolue PLR-UDC qui prévalait jusqu’alors n’existe plus, mais la majorité reste encore largement de droite au Conseil national, et encore plus au Conseil des États. Nous aurons donc besoin que les mobilisations écologistes et féministes continuent à réclamer haut et fort des progrès tant dans le domaine de l’environnement que dans celui de l’égalité. Sans cette pression de la rue, il y a fort à parier que cette 51ème législature soit celle de la déception pour toutes celles et tous ceux qui ont placé leurs espoirs dans une vague verte et violette. Cette vague n’aura la force de faire bouger les lignes qu’avec l’élan continu des militantes et militants de tous les milieux, on compte sur vous !