Monsieur le syndic de Borex,
Messieurs les Présidents des Conseils communaux de Crassier et Borex,
Mesdames et messieurs,
Je suis ravie d’être parmi vous aujourd’hui pour fêter le 1er août et je remercie la société de développement de Crassier et son président pour cette invitation. Le 1er août, ce n’est pas aussi arrosé que Nouvel an, pas aussi gargantuesque que Noël, pas aussi personnel que nos propres anniversaires, mais c’est une fête qui nous appartient à nous toutes et tous, Suissesses et Suisses ainsi que toutes celles et tous ceux qui vivent dans notre beau pays, une fête avec une saveur particulière.
Ce sont dans les villages comme Crassier ou Borex que je préfère fêter le 1er août, là où l’on sait allier modernité et traditions, pour célébrer la Suisse, qui ne peut justement pas être mieux définie que par ces deux mots : modernité et tradition.
Pour moi, si le premier août est aussi une part de mon attachement à nos racines campagnardes, c’est aussi justement grâce aux souvenirs villageois de mon enfance qu’il m’évoque. J’ai adoré grandir à la campagne, à Baulmes, un village au pied du Jura, avec, comme ici certainement, ses fêtes de jeunesse, ses places qui initient aux rencontres et, ses accès aléatoires en transports publics. On est par contre moins moins proche du lac et surtout on voit beaucoup moins le soleil…
Le 1er aout, ce sont donc les feux d’artifices, le clou du spectacle, chaque fois attendu avec impatience et surtout le feu du village, véritable esprit de la fête. Mais ce qui m’a le plus marqué et dont je me réjouis le plus dans ces fêtes nationales, ce sont les grandes tables installées pour tout le village, où l’on peut s’asseoir aux côtés de gens qu’on connaît de près ou de loin, comme ce soir où, la première chose qu’on a faite lorsque la pluie s’est mise à tomber, c’est d’installer tables et chaises à l’intérieur, pour continer à échanger à l’abri. Ces alignées de tables nous offre la belle opportunité de créer du lien, de discuter de tout, dans la chaleur des nuits d’été.
Cette année, cette chaleur se montre d’ailleurs particulièrement intense, un peu trop, au point de nous faire tomber des trombes d’eau sur la tête. Les festivités du 1er août souffrent encore une fois de restrictions sur les feux d’artifice et les brasiers. Et, à mon avis, ce n’est pas le moindre des enjeux du dérèglement climatique ! Parce qu’il serait dommage qu’à l’avenir, les canicules à répétition rendent plus difficile de fêter le 1er août, ou de profiter de la nature exceptionnellement belle et diverse dont nous bénéficions. Parce que c’est aussi cela que signifie pour moi le patriotisme : protéger et prendre soin de l’environnement de notre si beau pays, pour pouvoir le fêter encore longtemps avec la satisfaction d’être acteur et actrice de sa réussite.
Ici, on se trouve sur la frontière avec la France et j’imagine que vous êtes aux premières loges pour voir nos voisins français fêter le 14 juillet à force de grandes parades militaires et de démonstrations aériennes plus ou moins réussies. On les entend souvent dire qu’ils sont si fières d’être français, d’autant plus d’ailleurs depuis une certaine finale.
À titre personnel, je ne dirais pas que je suis fière « d’être » suisse. J’en suis reconnaissante, reconnaissante d’avoir eu la chance de naître ici, dans ce pays magnifique, fait de décors somptueux tant en montagne qu’en plaine et de cultures variées. Et même si, en Suisse, la démocratie n’a vraiment pris tout son sens que le 7 février 1971, jour de l’obtention du droit de vote des femmes, la fête symbolique du 1er aout reste une bonne manière de fêter nos valeurs profondes. Car ce dont je suis fière, c’est bien de participer à la vie et é la démocratie unique et précieuse de mon pays qui, même s’il a encore des progrès à faire en matière notamment d’égalité sociale et d’écologie, permet à ses citoyennes et à ses citoyens d’agir et de décider par leur vote de construire un monde meilleure.
Si je pouvais souhaiter quelque chose pour notre avenir à toutes et tous ici en Suisse, j’aimerais la paix, la prospérité et le bonheur, parce que, même si on dirait que j’ai ressorti mon discours d’un concours miss Suisse où j’aurais – contre toute attente – participé, c’est finalement quand même ça que nous cherchons toutes et tous. J’aimerais un pays qui met des infrastructures de bonne qualité en campagne et de la nature en ville , un pays où les femmes ont une égalité de fait et pas seulement de droit et où les hommes en sont aussi gagnants. J’aimerais un pays où celles et ceux qui travaillent la terre exercent dans des conditions équitable, sans être soumis à une concurrence déloyale des produits importés, parce que leur engagement pour notre environnement se traduit aussi dans la qualité et le goût de nos aliments. J’aimerais un pays qui régate avec le reste du monde, sans s’isoler.
Un pays où l’on va pouvoir pendant de nombreuses années encore, le 1er août, s’asseoir à une table avec ses voisins et, comme ce soir, partager en toute solidarité humaine.
Joyeux anniversaire à la Suisse et belle fête à vous toutes et tous.