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Accords de libre échange : un éco-faux-pas

Le 7 mars prochain, nous votons sur un nouvel accord de libre-échange entre l’AELE (l’Association européenne de libre échange, dont la Suisse fait partie) et l’Indonésie. En bref, cet accord permet des concessions douanières, une réduction de coûts à l’exportation, tant pour l’industrie suisse que pour l’importation de produits indonésiens. Emblématique des produits qui seront meilleur marché et donc importés en de plus grandes quantités : l’huile de palme.  

Cette huile végétale est une double catastrophe. Une catastrophe écologique puisque la culture de palmiers à huile se fait en monoculture intensive, détruisant ainsi les biotopes de la forêt pluviale. Ceci n’a pas pour seule conséquence la disparition d’espèces de grand-singes ou de tigres, la disparition de la forêt pluviale signifie également la fin des tourbières, importants puis à CO2 naturels, tout comme la fin des activités indigènes autour des forêts, qui fournissait travail et subsistance à des familles entières. Si l’huile de palme est si demandée, c’est qu’elle est bon marché et disponible tout au long de l’année. Cette huile est donc également une catastrophe sociale. Mais pour être compétitif et brader les prix, les multinationales exploitent les femmes, dans des plantations aspergées de pesticides nocifs pour la santé des travailleuses et travailleurs et des enfants pour porter les fruits des palmiers à huile tout au long de la journée. En résumé, l’huile de palme durable n’existe pas ! 

Et l’huile de palme est présente partout : lait maternisé, pâte à tartiner, cosmétiques ou plats préparés. Tout le monde consomme donc de l’huile de palme, qui représente pourtant des dangers pour notre santé. Avec plus de 50 % de gras saturés (contrairement à 10 % dans les autres huiles végétales), cette huile augmente les risques cardiovasculaires ou les risques de diabète. 

Mais ce n’est pas seulement parce qu’il  facilitera l’accès à l’huile de palme que je m’opposerai à l’accord de libre-échange avec l’Indonésie. Mon problème principal, c’est le libre-échange. Totalement banalisé au Parlement,les accords se succèdent et sont signés à tour de bras. À l’heure où le Parlement propose une loi sur le CO2 insuffisante pour répondre aux problèmes climatiques de la Suisse, multiplier ce genre d’accord est un éco-faux-pas. 

C’est une logique néo-libérale qui, plutôt que de penser à nos paysannes et paysans, à nos modes de consommation ou aux impacts du transport de marchandises, ne cherche qu’à enrichir les plus riches. Ces accords stimulent les échanges et encouragent la dépendance internationale sans se préoccuper de la situation en Suisse. Réduire les coûts de l’échange commercial n’a pour seul but que d’augmenter les besoins de consommation. Augmenter les volumes signifie une exploitation des ressources naturelles (forêts tropicales, minerais, etc.) et exploitation humaine, puisque ces accords de libre-échange ne cherchent qu’à augmenter le profit et à réduire les coûts. 

Ceci est tout sauf ma vision d’une politique publique centrée sur nous, les humains. Les VERTS étaient précurseurs en arrivant en 2016 avec une initiative pour une économie verte. Il faut maintenant aller au-delà des  circuits courts. Alors que le monde paysan est toujours plus mis sous pression par des prix de vente non équitables pour les producteurs·trices, la Confédération s’engage avec des pays à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres pour faciliter l’importation de produits similaires. C’est une aberration écologique et sociale. Nous devons aujourd’hui opérer des changements de fond.  Avec ce référendum, nous avons la possibilité de choisir non seulement quel type d’économie nous souhaitons pour la Suisse, mais également ce que l’on tolère ou non d’un point de vue environnemental et social. 

On dit souvent que la Suisse ne peut pas à elle seule changer le monde et être écologique toute seule. Et pourtant, nous avons cette fois la possibilité de choisir quels types de produits seront acheminés en Suisse. Après avoir voté à plus de 50 % OUI à des multinationales responsables, il est temps de nous mobiliser à nouveau pour la solidarité écologique et sociale.