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Beware of the limites planétaires

Le GIEC est le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. C’est un organe de l’Organisation des Nations Unies, composé de plus de 200 expertes et experts issus d’une soixantaine de pays, y compris la Suisse.

Le but de ce groupe est de faire l’état de la situation scientifique sur les changements climatiques. Il publie tous les 7 ans un rapport à destination des États membres. Afin que les gouvernements puissent adapter les politiques publiques en fonction de cette situation scientifique. Avant d’être publié, chaque rapport suit un processus de validation des 195 pays membres du GIEC.

Contrairement à ce qui peut être dit, ce groupe d’expert·e·x·s n’est donc pas un lobby mais un organe indépendant mandaté par les États membres de l’ONU eux-mêmes et faisant la synthèse de la littérature scientifique et l’état des connaissances sur le sujet climatique. Le dernier rapport du GIEC est sorti en été 2021 (résumé). L’essentiel à retenir, c’est qu’il nous reste très très peu de temps pour agir !

  1. Sans une réduction immédiate des gaz à effet de serre, tenir les engagements de l’accord de Paris, à savoir rester en dessous de 2°C de réchauffement d’ici la fin du siècle, est juste impossible.
  2. Plus inquiétant encore, nous atteindrons inévitablement la barre de 1.5°C de réchauffement déjà en 2030. C’est 10 ans plus tôt que ce que prédisait le précédent rapport du GIEC.
  3. Cette nouvelle est synonyme d’augmentation des vagues de chaleur. Des saisons chaudes plus longues et des saisons froides plus courtes mais plus intenses. Et lorsque la limite de 2°Csera dépassée, cela signifiera qu’on aura atteint un seuil de tolérance critique pour l’agriculture et la santé publique. 

Ce rapport de 2021 est en plus particulièrement alarmant pour la Suisse. Les températures y augmentent 2 fois plus que la moyenne mondiale. Ce n’est malheureusement pas un hasard que les évènements météorologiques de l’été 2021 en Suisse aient été aussi violents et désastreux. Tant humainement qu’économiquement. 

La dernière analyse du GIEC montre en revanche aussi que si des mesures sont prises maintenant, une partie des effets du réchauffement pourraient être rapidement réduits. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle.

Le jour où nous atteindrons, ce qu’on appelle le “0 émission nette“, le réchauffement cessera au niveau global. Une partie des phénomènes sont par contre déjà irréversibles comme la fonte des calottes polaires, le réchauffement des océans et la hausse du niveau de la mer.

Ces nouvelles données sur la situation climatique font froid dans le dos. Elles doivent absolument arriver en haut de nos préoccupations politiques. L’avenir qu’elles annoncent pour nous-mêmes et nos enfants est terrible. Il ne s’agit pas de sauver la nature, mais bien de préserver nos conditions de vie sur terre. Or, ce qui est aujourd’hui fondamental, c’est d’inscrire en fait ces défis climatiques comme une crise environnementale… parmi d’autres.

Limites planétaires

Pour garantir une vie digne sur terre, il est en effet nécessaire de porter notre attention sur différentes variables environnementales. Ce concept-là, c’est ce qu’on appelle les limites planétaires.

L’idée des limites planétaires est assez simple. Il s’agit de surveiller les indicateurs indispensables à la vie humaine sur terre et de calculer ce qui peut être consommé et absorbé par la biosphère de sorte qu’il n’y ait pas de danger.

Il existe 9 limites planétaires :

  1. Le changement climatique,
  2. l’acidification des océans,
  3. les apports en azote et en phosphore, qui finissent par charger l’eau potable de substances dangereuses pour l’humain et pour la faune,
  4. l’utilisation des ressources en eau
  5. l’érosion de la biodiversité, qui mène à la 4ème extinction de masse,
  6. le changement d’affectation des sols,
  7. l’ajout de nouvelles substances dans l’environnement,
  8. la pollution de l’air ou encore et
  9. la destruction de la couche d’ozone atmosphérique.

Tous ces secteurs garantissent la vie sur terre, tant qu’ils ne sont pas surexploités. En Suisse on dépasse presque toutes ces limites planétaires. On dépasse par exemple 22 fois le seuil du changement climatique ou de deux fois l’érosion de la biodiversité.

Ces limites planétaires sont aussi et surtout interdépendantes et s’alimentent l’une l’autre. Le changement d’affectation des sols s’accompagne par exemple d’un morcellement des habitats naturels et impacte la biodiversité. Ce sont donc des boucles sans fin qui font que l’équilibre de l’ensemble de ces systèmes fondamental doit être préservé, sinon tout devient exponentiel.

Il est clair depuis plusieurs décennies qu’il y a des ressources finies sur Terre et que le développement de certains modèles économiques n’est ni durable dans le temps ni supportable écologiquement. Il est clair aussi que cela met en danger notre futur à toutes et tous. Il y a pourtant toujours un contexte politique favorable à l’exploitation des ressources, favorisé par un cadre législatif peu restrictif. 

L’attention environnementale existe, mais elle est limitée et elle évolue projet par projet, en parallèle du cadre économique. Par exemple la Suisse met en place des mesures pour favoriser le ferroutage, mais n’a pas de stratégie de limites maximales d’émission de gaz à effet de serre pour le secteur des transports. Cette manière de faire désorganisée ne fonctionne pas.

Il faut ainsi revoir notre copie et fixer une nouvelle priorisation. En clair, cela signifie enfin admettre qu’il y a des ressources naturelles limitées et qu’il faut rendre possible leur régénération. C’est bien ceci qui doit représenter une limite pour l’activité humaine, sous peine de grands dangers.

Initiative des Jeunes Vertes et jeunes Verts Suisse

Nous allons toutes et tous êtes confronté·e·x·s à ces dangers. C’est à la population de donner un signal fort.

C’est pour cela que les Jeunes Vertes et Jeunes Verts Suisse ont lancé l’initiative pour la responsabilité environnementale. Elle propose justement d’inscrire le principe de limites planétaires dans la Constitution : la Suisse ne devrait plus dépasser les limites planétaires pour l’ensemble de sa consommation, importations y comprises.

Le respect de ce principe doit être effectif dans un délai de 10 ans. Avec le délai de récolte de signature, la phase parlementaire puis le vote, l’initiative ne serait en effet effective qu’après 2030. Ce délai permet donc d’être en conformité avec la réalité scientifique, mais aussi de garantir une application conséquente et non pas diluée, comme aiment le faire les Chambres fédérales.  

L’initiative pour la responsabilité environnementale ne parle pas uniquement des limites planétaires. Elle introduit également le principe d’acceptabilité sociale. Il faut garantir que l’État intervienne avec des mesures d’encouragement, qui soient supportables socialement. Le but est que le choix de l’écologie soit toujours le plus facile.

Cette acceptabilité sociale vaut également pour nos importations. Cela signifie qu’on ne peut pas tolérer des conditions de production et de travail que nous n’accepterions pas en Suisse. Il en va de notre responsabilité d’aider les producteurs et productrices à mener la transition environnementale. Cette initiative est donc un modèle de justice environnementale et sociale.

Elle propose d’agir sur plusieurs crises environnementales simultanément tout en prônant une transition sociale qui se fasse sans discriminer les bas salaires. Ainsi, les travailleuses et travailleurs vont bénéficier de la transition écologie. L’initiative est en cours de récolte, je vous encourage à la signer. On votera vraisemblablement sur ce sujet dans 2 à 3 ans.

Et on fait quoi d’ici là? 

D’ici là, on peut imaginer des propositions ciblées :

1. L’aviation

78% des voyages en avions sont des destinations en Europe, qui pourraient se faire en train. Je suis donc favorable à l’interdiction des vols pour les trajets qui peuvent facilement se faire en train. Tout en investissant massivement pour rendre les transports par rail confortables et bon marché, bien sûr !

L’aviation civile de loisir doit quant à elle aussi rapidement être encadrée. Lausanne a par exemple un aéroport en pleine ville, qui propose des vols Lausanne-Paris ou Lausanne-Nidwald. Dangereux pour notre climat et dangereux pour la santé des riverains.

2. L’alimentation

Pour l’Office fédéral de l’environnement, l’alimentation représente 28% de la charge environnementale. Elle impacte le climat par le transport, mais aussi la biodiversité et utilise d’importantes surfaces de sol. C’est donc un secteur essentiel puisque l’alimentation a un impact sur notre environnement, supérieur à celui du logement par exemple.

J’ai proposé avec une motion de corréler le prix d’un aliment vis-à-vis de la distance qu’il parcourt jusqu’à son lieu de consommation. Avec ce mécanisme, les produits de notre production Suisse sont encouragés, compétitifs et accessibles pour toutes et tous. Et les revenus de cette mesure seraient reversés à l’agriculture Suisse.

3. L’emploi

Il faudra aussi offrir une solution à celles et ceux qui vont voir leur activité professionnelle drastiquement modifiée ou supprimée à cause des changements climatiques. C’est le cas notamment pour les professions liées à l’activité touristique d’hiver par exemple. Il n’y a en Suisse aucun filet social pour ce type de situation.

J’ai donc proposé un revenu de transition pour assurer un revenu aux personnes touchées et leur permet de se réorienter professionnellement. Pour moi, c’est une priorité politique : ce n’est pas aux individus de supporter les conséquences d’un réchauffement causé par les activités industrielles ou les investissements bancaires. En tant que vice-présidente de Travail.Suisse, je milite pour que les syndicats s’engagent en faveur du climat.

Vous l’aurez compris, un des principaux défis politique sur la question des limites planétaires, c’est bien l’ordre des priorités. Et il n’y pas de priorité plus grande que de conserver les conditions de vie sur terre pour le genre humain.

Pourtant, notre démocratie va pour l’instant trop lentement et les majorités en place ne veulent pas faire les investissements indispensables à la transition. C’est donc la pression de la rue qui va accélérer le mouvement. Alors votez, demandez des comptes à vos élu·e·x·s, descendez dans la rue. Et récoltez des signatures, par exemple pour l’initiative pour la responsabilité environnementale, qui est lancée par les Jeunes vertes et verts jusqu’en automne 2022.