Parce que les mères, les pères et les enfants méritent mieux: on signe pour le congé parental!
Est-ce que, à la naissance d’un enfant, 14 semaines de congé maternité et 2 semaines de congé paternité sont suffisantes pour garantir le bien-être des familles ? Pour Les Vert·e·s, Travail.Suisse et d’autres organisations, la réponse est clairement non ! C’est pourquoi, nous avons décidé de lancer une initiative populaire fédérale demandant un congé parental de 18 semaines pour chacun des deux parents à la naissance d’un enfant. En tant que membre du comité d’initiative, je vous explique pourquoi je crois en ce projet d’avenir.
Notre initiative
Le texte de l’initiative prévoit de modifier la Constitution pour exiger que toute personne soit assurée contre les conséquences économiques liées à la parentalité.

Pour ce faire, des principes sont édictés au nouvel art. 110a Congé parental :
– Le congé parental a pour but de servir le bien de l’enfant et la promotion de l’égalité de fait entre les sexes en permettant, notamment, aux deux parents d’exercer une activité lucrative
– Ce droit à un congé de 18 semaines n’est pas transférable entre les deux parents et sera pris, en principe, l’un après l’autre. Un quart de la durée au maximum peut être néanmoins prise en même temps. Ce congé donne droit à des allocations.
– Pour les parents avec des revenus faibles, ils reçoivent une allocation allant jusqu’à 100% de leur salaire.
– Nous nous sommes assuré·e·s que les droits acquis en lien avec la protection de la maternité, l’interdiction de travailler (8 semaines) et le congé maternité restent garantis en stipulant que ce congé ne doit pas entraîner de préjudice du point de vue du droit du travail ou du droit du personnel.
Notre texte prévoit aussi d’autres modifications plus techniques sur la création d’une assurance-parentalité et des dispositions transitoires demandant la réalisation de l’initiative au plus tard cinq ans après l’acceptation par le peuple et les cantons. Il est aussi clair et confirmé que ce texte ne met en aucun cas les droits acquis en danger comme le prévoit le texte de l’initiative (voir les dispositions transitoires).
Pourquoi lancer cette initiative?
L’engagement féministe est au cœur de l’histoire des VERT-E-S et la lutte pour une société égalitaire constitue l’un de nos objectifs prioritaires à l’heure actuelle. La conciliation entre une vie privée épanouie et un travail émancipateur est au cœur de l’engagement de Travail.Suisse dont je suis vice-présidente. En tant que membre du comité d’initiative, je soutiens cette initiative qui permet de construire une société plus égalitaire basée sur un modèle familial dans lequel les deux parents participent aux tâches éducatives de manière égale.
La Suisse reste, en effet, le parent pauvre en matière de soin et de soutien apportés aux familles. Au niveau de l’OCDE, la Suisse est en queue de peloton pour ce qui touche aux droits aux congés payés liés à la naissance pour s’occuper des jeunes enfants (en vigueur en avril 2024), tels que les congés de maternité, de paternité, de garde à domicile et les congés parentaux.
Cette dynamique sociétale est d’ailleurs aussi en marche en Suisse, à la suite de l’acceptation, le 27 septembre 2020 du congé paternité de deux semaines, lancé par Travail.Suisse déjà. Depuis, dans le canton de Genève, le peuple a accepté une initiative visant à introduire un congé de parentalité ; le canton de Bâle-Ville, quant à lui, prévoit d’indemniser les entreprises qui accordent volontairement un congé parental à leurs employés.
Arguments POUR notre modèle de congé familial
Offrir plus de temps pour la famille
A la suite d’une naissance, l’équilibre familial est bouleversé. Les semaines et les mois qui suivent la naissance d’un enfant sont généralement très intenses et épuisants. Reprendre le travail peu après la naissance est source de stress et de pression. Comme le relève männer.ch, il est désormais bien établi que les enfants profitent de l’implication des deux parents dans leur développement cognitif et social ainsi que dans leur santé mentale et somatique. Les mères profitent d’un rallongement du congé parental en termes de santé et d’évolution professionnelle.
Permettre l’égalité entre femmes et hommes
Il est reconnu que c’est le travail du care (internalisé ou non) qui, après le congé maternel, impacte les carrières professionnelles des femmes. En Suisse, les ménages dans lesquels les tâches domestiques sont principalement effectuées par l’homme sont rares (4%). Une grossesse transforme souvent même les couples les plus égalitaires en couple à la répartition des tâches stéréotypées, et inégalitaires.
Notre initiative apporte deux solutions aux femmes : la première est une prolongation de leur congé de 4 semaines et, la seconde, la possibilité pour leur partenaire de s’impliquer pendant 18 semaines (augmentation du congé du second parent de 16 semaines). A nos yeux, cela permettra d’offrir réellement une opportunité de changer le paradigme de la gestion des tâches par le parent référent (celui qui bénéficie du plus grand congé actuellement) et qui se crée très rapidement à la naissance de l’enfant. Cela donne la possibilité au père de devenir réellement expert de son enfant et de tisser des liens spécifiques avec lui. Pour cela, il doit en être responsable, seul, pendant une période de temps similaire à la mère.
Lutter contre la discrimination des femmes sur le marché du travail
Aujourd’hui, il existe une claire discrimination directe et indirecte à l’égard des femmes dès la naissance du premier enfant (licenciement ou refus de promotion en raison de la maternité, taux de travail réduit, manco au 2e pilier, salaire, etc.). Selon les chiffres de l’OFS, les mères qui reprennent leur activité professionnelle le font en moyenne environ six mois après la naissance, et la majorité d’entre elles retournent sur le marché du travail dans les douze mois qui suivent la naissance (79 %).
Parce que le second parent peut tout de suite prendre le relai après les 18 premières semaines de congé maternité, pendant au moins 14 semaines (puisque 4 semaines au maximum peuvent être prises ensemble), un congé familial permet aux mères de retourner au travail plus tôt (si elles le souhaitent) et au même taux après la naissance de leur enfant. Un congé familial de 18 semaines permet aussi aux femmes de ne pas devoir prolonger leurs congés maternité à leurs frais.
Renforcer la promotion de l’activité professionnelle des femmes
La maternité discrimine les femmes sur le marché du travail. Pour 73% des femmes, devenir mère va de pair avec un taux d’activité de moins de 70% ou une inactivité professionnelle. Seules 16% des mères reprennent une activité à plein temps durant l’année qui suit la naissance (chiffres OFS).
Selon des études comparatives, un congé parental de moins de deux ans a un effet positif sur la reprise d’une activité professionnelle des mères. En permettant à l’autre parent d’assumer une partie des tâches de garde, le retour des mères au travail est facilité par le congé familial. La conciliation vie privée et vie professionnelle en est renforcée, le frein à la carrière maternel diminué. L’expérience d’autres pays montre qu’une répartition équitable des responsabilités parentales améliore la situation des femmes sur le marché du travail et réduit les écarts de rémunération.
Préserver la santé des parents, des enfants et des travailleur.ses
En instaurant un congé familial d’une durée suffisante, la santé de la mère, de l’enfant, du père et le bien-être général de la famille s’en trouvent préservés et renforcés. Le congé familial c’est une préservation de la santé psychique et physique de la mère, une plus grande implication du père et une meilleure santé physique des enfants par l’allongement possible de la période d’allaitement par exemple.
Où la signer et avoir plus de renseignements ?
Envie de vous engager pour plus d’égalité ?
Signez et faites signer l’initiative sur : https://verts.ch/signer-linitiative-pour-un-conge-familial // https://www.conge-familial.ch/