Skip links

Grève féministe, grève climatique

Nous vivons cette année une double mobilisation : une grève féministe et une grève climatique. Ces deux thématiques sont liées de manière intrinsèque et en particulier pour moi en tant qu’élue verte, parce que lutte climatique et féministe font pleinement parties de l’écologie politique.

L’écologie vise l’équilibre entre les être humains et leur environnement naturel, particulièrement dans le but de protéger cet environnement. Mais c’est aussi la science des milieux où vivent ces êtres vivants ainsi que des rapports entre eux et le milieu dans lequel ils vivent : les écosystèmes. L’écologie politique insiste sur la prise en compte de ces écosystèmes dans les décisions politiques et sociales. Il s’agit donc d’une doctrine qui défend les systèmes en prenant en compte la valeur de chaque individu, en défendant la (bio)diversité, en donnant la parole aux minorités ou à celles qui sont traitées comme telles (les femmes ne sont en fait pas une minorité) et en accompagnant les luttes qui réclament le respect de tous les êtres vivants.

Pourquoi l’écoféminisme ?

Les femmes vont être les victimes directes, majoritairement et avec violence des catastrophes climatiques à venir. Le paradoxe étant que ce sont les femmes qui sont les principaux moteurs des initiatives visant à protéger notre environnement. Leur ancrage local fort permettra les changements les plus rapides. Il est donc indispensable et surtout logique de lier émancipation féminine, égalité entre les sexes et protection du climat.

En Suisse tout d’abord, parce que les femmes vivent plus souvent dans la précarité et pourront donc plus difficilement se prémunir face aux catastrophes climatiques et sanitaires. Par exemple il est plus complexe pour ces femmes de déménager dans les cas où leur lieu de vie représente soudain un danger (inondation, insalubrité, etc) ou de payer de nouveaux soins pour elle-même ou l’entourage dont elles ont encore majoritairement la charge (allergies, cancers, etc..). Parce que selon vous qui devra protéger les enfants des aliments pollués ou des nouveaux dangers comme les tiques ? Et qui devra s’occuper des personnes âgées durant les vagues de grande chaleur qui ne vont qu’augmenter ? Les femmes évidemment !

Ailleurs, le problème de l’impact climatique sur la condition féminine se pose encore dans d’autres termes. Dans les pays moins riches, ce sont encore majoritairement les femmes qui assurent l’approvisionnement de la famille en eau, en bois de chauffage, en nourriture, qu’il faudra aller chercher encore plus loin, dans des contrées encore plus hostiles. L’écologie politique et féministe doit également prendre en compte l’impact global des actions locales. D’autant plus que l’impact climatique négatif de la Suisse se ressent plus à l’étranger qu’à l’intérieur des frontières helvétiques, car nous produisons la majorité de nos émissions de gaz à effet de serre hors du pays.

La convergence des luttes climatiques et féministes à travers les grèves qui s’annoncent sont donc les meilleurs moyens pour défendre le climat, l’écologie politique, la diversité, pour donner une voix à toutes les personnes qui subissent des discriminations dans notre société et bien sûr pour parvenir à l’égalité effective entre les femmes et les hommes.

Une table ronde passionnante, avec le collectif vaudois de la grève des femmes, Swiss Youth for Climat, le BPW Lausanne et moi-même.

Des grèves indispensables

Les mobilisations qui s’organisent cette année, pour le climat et pour l’égalité, ont de plus un but et un destin communs. Fondamentaux, les manifestes portés par ces mouvements sont déjà relayés auprès des élu.e.s. Mais ces revendications ne sont pas entendues par la majorité de droite qui gouverne notre Parlement! Nous sommes en effet constamment minorité.e.s sur ces sujets cruciaux que sont la défense de notre climat et de l’égalité femmes-hommes.

Des mobilisations citoyennes sont donc indispensables pour faire pression sur les majorités politiques. Pressions qui fonctionnent : au Parlement fédéral, on voit la commission des États chargée de traiter la loi sur le CO2 prendre un tournant plus favorable à la lutte contre le réchauffement climatique. Cette même loi qui a été rejetée par le Conseil national, car vidée de son sens par la droite, notamment par son absence de taxe sur les trajets en avion. Même le PLR semblait ébranlé par les exigences des grévistes. À vérifier en juin, lors du second débat autour de la loi (bien qu’entre temps ils aient déjà soutenu massivement l’extension des routes, favorisant ainsi la voiture dans toute la Suisse).

La grève du 14 juin est, en particulier, une journée spéciale pour rappeler les luttes féministes et pour obtenir de nouvelles avancées. En 1991, les Suissesses avaient obtenu la loi sur l’égalité. En 2019, nous espérons obtenir des vrais changements politiques et sociétaux pour protéger notre environnement en même temps que l’application de la loi sur l’égalité et son renforcement.

EN COMPLÉMENT

Site de la grève féministe du 14 juin 2019

Visiter

Manifeste de la grève des femmes du 14 juin

Télécharger

“Les femmes ont toujours été plus nombreuses que les hommes à se battre pour l’environnement.” (Libération)

Consulter