Durant cette session, la sonnette d’alarme a encore une fois été tirée par les militant·e·s de la grève du climat. Un seul mot : merci à elles, merci à eux ! Avec la sortie cette même semaine d’une étude de l’Oxfam, qui démontre que les 1% les plus riches polluent autant que les 50% les plus pauvres, j’ai pu rappeler une évidence : la justice climatique n’intervient qu’avec la justice sociale.
Programme de législature
Le programme de législature du Conseil fédéral a pour but de fixer les priorités politiques de la législature. Loin de répondre à l’urgence climatique et aux exigences d’égalité, il est entièrement tourné vers des objectifs de croissance économique omettant l’impact qu’elle a sur la santé, les liens sociaux, la nature et l’Humain (à lire dans ma note de blog). Les VERTS ont été les seul·e·s à renvoyer ce texte au Conseil fédéral pour qu’il corrige sa copie.
Lors de mon intervention en plénière, j’ai relevé le manque total d’ambition en matière de politique d’égalité de la part de la Confédération. Car en Suisse, chacune et chacun devrait avoir droit à une vie où il est possible de développer son plein potentiel. Alors qu’en réalité, la pauvreté est grandissante, les discriminations augmentent, les soins de santé deviennent de plus en plus inaccessibles. Dans l’un des pays les plus chers du monde, la vie est difficile si l’on ne fait pas partie de la classe moyenne supérieure. Dans l’un des pays les plus sûrs du monde, il est difficile d’être une femme, d’être noir·e, d’être homosexuel·le, d’être handicapé·e. Parce que ces réalités sont non seulement indignes de notre pays, mais en plus un frein à son économie et à l’innovation, j’ai proposé d’améliorer l’inclusivité au sein du programme. Malheureusement, ces propositions ont été balayé par la majorité de droite de notre Parlement.
COVID-19
Que ce soit sur le plan personnel, professionnel, ou sociétal, partout où le virus passe, il laisse des traces. Le Conseil fédéral a mis en place une série de mesures permettant de faire face à cette situation, soutenues, mais aussi renforcées par le Parlement, avec des effets positifs notables. Notre système de santé a tenu le choc face à la première vague d’infections et des mesures sociales extraordinaires indispensables sont venues soutenir les dizaines de milliers de citoyens et de citoyennes frappé·e·s économiquement et socialement par le semi-confinement. Durant cette session d’automne, le Parlement s’est prononcé sur la prolongation ou au contraire l’abolition de ces mesures.
Certaines des décisions issues de la majorité de droite de notre Parlement sont à déplorer comme le fait qu’aucun soutien aux crèches n’ait finalement été accordé. Une clause permettant des dérogations pour faciliter l’entrée des médicaments sur notre territoire (y compris les vaccins) a également été intégrée, malgré l’opposition des VERTS. Point positif: le soutien à la culture a été augmenté à 100 millions et des aides supplémentaires pour les indépendant·e·s, petit·e·s patron·ne·s et les entreprises de l’événementiel ont été arrachées au Conseil fédéral. On relèvera par contre le fait qu’elles soient extrêmement limitées et très contrôlées.
Des essais pilotes sur le cannabis désormais possibles
Enfin! La modification de la loi sur les stupéfiants permet après de longs débats d’entreprendre des essais pilotes sur la consommation récréative de cannabis. Comme je l’ai rappelé dans mon intervention à ce sujet, un tiers des plus de quinze ans ont expérimenté le cannabis. On compte en Suisse 200’000 consommateur·trice·s régulier·ère·s. Le marché noir est prospère; des substances dangereuses sont vendues. L’interdiction et la répression ne marchent pas. C’est pourquoi il faut essayer d’autres méthodes et ces essais pilotes sont l’une d’entre elles. Ils seront limités dans le temps, très encadrés et la protection de la jeunesse est garantie. Avec les VERTS, nous avons obtenu que les plantes soient si possible produites de manière biologique et localement afin de garantir la qualité des produits et, par là même, la sécurité des consommateur·trice·s.
Terrorisme et crime organisé
Après le vote d’une série de nouvelles mesures pour lutter contre le terrorisme qui bafoue les droits fondamentaux et le droit des enfants il restait, lors de cette session, une question essentielle à traiter : le sort des ONG. La nouvelle loi propose une nouvelle définition du terrorisme, une définition si large qu’elle incriminerait les organisations humanitaires et leurs employé·e·s. Une aberration! En commission et en plénum, j’ai rappelé qu’il faut absolument une exception pour les ONG qui, en cas de conflit armé, ont pour mission de préserver la vie, la dignité et la santé des civil·e·s. Alors que les missions humanitaires participent à la paix et à la lutte contre le terrorisme, une épée de Damoclès juridique au-dessus de la tête des ONG serait tout simplement intolérable.
Quelques votations en bref
J’ai pris la parole comme rapportrice de la CSSS-N afin de soutenir un postulat demandant à améliorer l’efficacité du Nutri-score. Adopté à une petite majorité, le Conseil fédéral devra donc analyser une série de points afin de soutenir la mise en oeuvre en Suisse de cet outil de clarification de la composition nutritive des aliments .
Une bonne nouvelle pour l’égalité et les indépendantes : elles pourront bénéficier en cas de maternité d’une allocation d’exploitation (couvrant leurs frais) au même titre que les hommes qui font du service.
Objets déposés
Suite aux cas d’empoisonnement au GHB de Lausannoises, j’ai posé une question au Conseil fédéral afin de savoir si une telle augmentation avait été observée ailleurs dans le pays et s’il envisageait d’adapter le cadre légal au vu des difficultés pour les victimes de faire valoir leurs droits et pour la police de réunir les preuves nécessaires (voir ma note de blog à ce sujet).
J’ai aussi déposé une interpellation (suite à mon autre interpellation touchant à l’information pour la communauté sourde pendant la crise du coronavirus) afin de connaître les mesures prises par la Chancellerie pour permettre à la communauté sourde d’avoir accès aux mêmes informations politiques que les entendant·e·s.
Faisant suite à mon interpellation “Quel impact du Covid-19 sur la santé sexuelle et reproductive?“, j’ai déposé un postulat chargeant le Conseil fédéral de présenter un rapport sur l’accès à la contraception en Suisse pendant la pandémie afin de nous assurer que même en tant de crise, l’accès à une contraception n’est pas restreint.
J’ai aussi porté les revendications des associations de riverain·e·s qui dénoncent depuis des années les nuisances provoquées par l’aéroport urbain Lausanne-Blécherette en interpellant le Conseil fédéral afin de connaître sa vision pour le futur de cet aéroport compte tenu de la crise climatique qui se dessine et des des nouveaux quartiers bientôt construits juste en-dessous.
J’ai aussi interpellé le Conseil fédéral afin de connaître ses pistes pour sortir d’une société maltraitante et ainsi lutter contre le spécisme. Pour rappel, le spécisme est une discrimination à l’égard des animaux n’appartenant pas à notre espèce, qui seraient des êtres inférieurs pouvant être exploité·e·s, commercialisé·e·s et tué·e·s pour notre consommation et nos intérêts. Cette vision a favorisé le développement d’une société anthropocentrée, où des milliards d’animaux sont maltraités et massacrés chaque année dans le monde. Dénoncée depuis l’Antiquité, la discrimination envers les autres animaux est devenue un enjeu sociétal majeur. A l’instar du COVID-19, les dernières grandes zoonoses mortelles ont toutes émergé dans un contexte d’exploitation et de maltraitance animales, surtout à des fins alimentaires. Le phénomène s’accélère et menace la santé publique et l’économie. Il me semble donc essentiel d’alerter le Conseil fédéral sur cette problématique et d’évaluer la manière dont il l’appréhende.
Finalement, j’ai déposé une interpellation pour savoir comment le Conseil fédéral compte agir contre le fléau que représente le harcèlement scolaire. Ce dépôt fait suite à ma participation au programme engage.ch.