Nous y sommes. Près d’un an après l’élection de notre parlement, nous fixons les priorités de cette législature. Le groupe des VERTS a été élu par la vague verte, par la vague violette. Par dizaines de milliers, des jeunes sont descendu·e·s dans la rue et ont mobilisé toutes les générations autour de l’urgence climatique. Par centaines de milliers, les femmes sont descendues dans la rue et ont mobilisé toutes les régions du pays. Les inquiétudes qui ont porté ici au Parlement mes collègues et moi-même sont claires : en finir avec les demi mesures, en finir avec des lois lacunaires, en finir avec ce jeu politique qui n’est pas à la hauteur, lâche, qui compromet l’avenir de toute, toute!, la génération à venir qui devra l’assumer.
En tant qu’élues et élus vert·e·s, nous nous sommes engagé·e·s devant la jeunesse de notre pays à faire tout ce qui était en notre pouvoir pour enfin répondre à l’enjeu du siècle: la menace de la survie de l’humanité toute entière! Nous savions pourtant que ce serait difficile et trop lent, car non seulement la majorité politique de ce pays reste aveugle à l’ampleur des changements à venir, mais elle ferme les yeux volontairement devant ce qui est pourtant l’évidence.
Catastrophe climatique, fontes de nos glaciers, montées des eaux, sécheresses, pluies diluviennes. Tout cela a pu encore être constaté cet été. Non pas aux Seychelles, non pas aux Bahamas, mais bien ici en Suisse à Brienz, à Guttannen, à Saas-Grund. Partout dans le pays, au dépend de la paysannerie, du tourisme, de notre mobilité, de notre sécurité. Tout le monde en paie le prix, mais – comme avec la crise du coronavirus – ce sont toujours les mêmes qui trinquent: celles et ceux qui n’ont pas les moyens de déménager, d’acheter à prix d’or des denrées soudainement manquantes, de se réfugier au frais et en sécurité dans leur résidence secondaire.
Parce qu’elle met en danger non seulement les conditions d’existence de l’humanité sur cette planète, ce qui est déjà beaucoup, mais aussi les conditions de vivre ensemble, la justice climatique va de paire avec la justice sociale et elles doivent rester au coeur de toutes nos politiques publiques. Pour les VERTS, le climat est une préoccupation transversale qui se règle partout, tant dans les politiques énergétiques, que dans les politiques économiques, sociales ou sécuritaires. Une préoccupation transversale qui comprend tant les politiques monétaires que bancaires, tant la santé que la mobilité.
Or ce à quoi nous faisons face, c’est un programme de législature entièrement tourné vers des objectifs de croissance économique. De la croissance à volo, omettant l’impact qu’elle a sur la santé, sur les liens sociaux, sur la nature, sur l’Humain. Le travail en commission n’a pas permis de l’améliorer et le programme que nous nous apprêtons à donner à l’exécutif de notre pays pour les années 2019-2023, années cruciales pour inverser la tendance, ne prend que marginalement en compte la crise climatique. 4 petites mentions du climat et 4 mesures dans la dernière section, à la traîne après l’achat d’avions de combat, les accords de libres échanges, les mesures pour “une place financière et fiscale compétitive”.
Nous avons vu avec la crise sanitaire et avec la crise économique naissante, les limites de notre système mais aussi les opportunités qui s’offrent à nous. Alors que la pollution atmosphérique a chuté durant le confinement, que la nature a pu reprendre ses droits dans certaines réserves, que des mesures sociales urgentes ont été mises en place, la Conseil fédéral rêve d’une Suisse de retour dans son petit train-train sans l’ambition ni la responsabilité d’assumer sa part face à l’urgence. Parce que nous ne pouvons pas nous permettre de telles politiques, les VERTS vont renvoyer le texte à son auteur. Il est urgent que le Conseil fédéral revoie sa copie pour se doter d’un réel plan d’action, capable d’affronter le danger étourdissant de la disparition de notre humanité.