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Voyage diplomatique à Taïwan

Vous l’avez peut être vu dans la presse ou sur mes réseaux-sociaux, du 5 au 10 février 2023 je me suis déplacée à Taipei (Taïwan) avec une délégation parlementaire (Nicolas Walder, Fabian Molina, Mustafa Atici et Yves Nidegger). De retour de ce voyage parlementaire d’un genre particulier, je vous propose de revenir sur la situation de ce pays démocratique et des points les plus importants de ce déplacement.

Situation géopolitique 

Avant toute chose, il est important de faire un point géopolitique. Depuis que la République populaire (système communiste) est instaurée en Chine continentale en 1949, le parti alors opposé au nouveau régime communiste s’est installé sur l’île où se trouvaient des populations autochtones et japonaises. Peu à peu, le régime de Pékin tente de reprendre le contrôle de l’île, étape par étape. En 1971, la République populaire de Chine (Pékin) reprend le siège dédié à la Chine à l’ONU, alors occupé par la République de Chine (Taïwan). D’année en année, le ton se durcit et manque d’aboutir sur une mainmise chinoise sur l’économie taïwanaise en 2014, ce qui suscitera une insurrection populaire (mouvement des tournesols) contre le gouvernement en place (anti-communiste mais pro réunion). 

Démocratie parlementaire

Taïwan est désormais une jeune démocratie multipartite. Ce régime a succédé à la mainmise du pouvoir du parti nationaliste chinois, le Kuomintang, après des années de dictatures militaires et de système de parti-unique sur l’île. Aujourd’hui, Taïwan connaît un système d’initiative et de référendum populaire comme la Suisse. Le mariage pour toustes ou encore la question nucléaire ont ainsi été soumis au peuple.

Malgré ces similitudes, la Suisse n’entretient pas de rapports diplomatiques officiels avec Taïwan comme la plupart des autres pays. L’ultra-majorité des États, Suisse comprise, soutient le principe de “Chine unique” depuis 1950, donc depuis la fin de la guerre civile ayant porté les communistes au pouvoir en Chine. Le Conseil fédéral est donc très prudent sur cette relation et ne souhaite pas particulièrement effectuer un travail public de fond pour améliorer les relations avec l’île, au risque de frustrer Pékin, même si Taïwan est une puissance économique importante.

La position du gouvernement suisse n’est pas étonnante, mais c’est bien en raison de cette posture que le rôle du Parlement entre en jeu. En effet, tant que les relations diplomatiques ne peuvent se faire d’exécutif à exécutif, pour garantir la démocratie, il est fondamental que les autres pays entretiennent des relations de proximité par leurs législatifs. C’est le sens de la démarche du voyage de la délégation suisse de 2023. Ce n’est pas un voyage d’État et il n’est pas organisé par le Département des affaires étrangères. J’ai financé l’entièreté de mes frais et me suis déplacée pour plusieurs raisons et motivations : 

  • la promotion de la démocratie et de la paix ;
  • favoriser le dialogue entres parlements pour donner un signal aux gouvernements en faveur de la souveraineté Taïwanaise ;
  • imaginer des espaces de collaboration concrets entre la Suisse et Taïwan, notamment en prévision du rapport faisant suite au postulat de la Commission de politique extérieure du Conseil national.
  • soutenir la défense des droits humains.

Au jour où Pékin s’organise militairement autour de l’île, il est fondamental que des élu.e.s de pays démocratiques assurent leur soutien aux représentant·e·s élu·e·s par la population. Dans ce climat de tension, cette visite n’a rien d’anodin, mais n’est pas non plus une attaque frontale contre la République populaire de Chine puisque la délégation n’a aucune mission officielle. 

Ce voyage est donc aussi une mission en faveur de la paix. C’est en favorisant le dialogue entre les dirigeant.e.s, en rendant possible les rencontres dans le respect des avis populaires locaux, que doivent déboucher des solutions à ce conflit. Loin de l’escalade militaire qui est actuellement en cours. 

L’expérience Suisse est donc relevante et importante, tant en matière de démocratie semi-directe représentative qu’en matière de bons offices. Par ailleurs, la Suisse étant désormais membre du Conseil de sécurité de l’ONU, il est aussi important que, nous, parlementaires, fassions entendre nos voix au Conseil fédéral en faveur d’un soutien moins timoré envers le respect de l’autodétermination du peuple taïwanais. 

Enfin, le climat de tension international autour de la guerre russe en Ukraine ne faisant qu’accroitre les craintes d’une intervention similaire de la part du gouvernement de Pékin à Taïwan, il était plus que naturel de prouver par notre déplacement et nos échanges, que la démocratie était le bien le plus précieux à défendre et préserver pour aboutir à la paix. 

3 faits marquants de mon voyage

Démocratie et paix 

Mon voyage à été marqué par un grand nombre de rencontres, notamment avec les autorités politiques : la présidente, des ministres, des parlementaires de la majorité comme de l’opposition. Cela a chaque fois été l’occasion de discuter des développements potentiels d’une collaboration concrète entre la Suisse et Taïwan. L’anecdote croustillante de la partie diplomatique de ce voyage, c’est la perte de ma valise par la compagnie aérienne dans laquelle se trouvaient mes chaussures formelles. Je n’ai donc pas eu d’autres choix que de composer avec des sneakers lors de la rencontre avec la présidente Taïwan, qui les a d’ailleurs salué. Cette situation cocasse a amusé le Blick, mais à aussi suscité une cascade de haine sur mes réseaux sociaux et mon mail parlementaire. Comme quoi, les vêtements d’une femme, ou le fait qu’une femme fasse de la diplomatie ou les deux, froisse encore passablement.

 

Santé 

Taïwan est un haut lieu de la santé et notamment pour ce qui est du développement des technologies. La rencontre avec le ministère de la santé à permis, entre autres, de discuter de santé publique en prenant pour base la gestion de la pandémie qui à été particulière  sur l’île notamment par le fait que Taïwan est exclu de l’OMS. 

Culture 

J’ai eu le privilège de pouvoir échanger avec le ministre de la culture au sujet de la prochaine édition de BDFIL (1er au 14 mai prochain) qui aura pour invité d’honneur en 2023 : Taïwan. Les échanges ont été riches et le programme du festival aussi. Je me réjouis de partager avec vous ma passion pour la bande-dessinée et de vous faire découvrir les artistes de cette région du monde à cette occasion.