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14 juin : quand les femmes ont les bras croisés, le pays perd pied

Le 14 juin 1981 entrait en vigueur l’article dédié à l’égalité dans la Constitution fédérale. Dix ans plus tard, les inégalités étant toujours systématiques, une grande grève féministe était organisée. Plus récemment, en 2019, nous étions 500’000 dans les rues de Suisse pour crier haut et fort notre indignation face aux discriminations. En 2021, nous célébrions les jeunes 50 ans du suffrage féminin. 

La mobilisation incroyable des femmes* durant toutes ces années a eu un effet majeur lors des dernières élections fédérales : la vague violette. La part de femmes élues au Conseil national passe alors de 26 à 42%. Cette poussée n’aura pas été vaine puisqu’elle a permis d’obtenir : une révision du droit pénal sexuel, des avancées en médecine de genre, le mariage pour toutes et tous comme un premier et timide congé paternité. Ces avancées étaient inimaginables il y a quelques années mais ne suffisent pas.

En effet, ces quelques victoires ont été obtenues, comme toujours quand il s’agit de féminisme, de haute lutte. Pour prendre l’exemple du droit pénal, le Conseil national, plus féminin, a voté pour un “oui c’est oui” alors que le Conseil des États, plus masculin, menaçait de jeter à l’eau l’entièreté des avancées prévues dans le projet de loi. L’intervention des élues VERTES a été déterminante pour trouver un compromis de dernière minute. Mais il y a, eu lors de cette législature, avant tout beaucoup de loupés : augmentation des discriminations salariales dans le pays, augmentation de l’âge de la retraite pour les femmes, précarisation des femmes dans le 2e pilier malgré des promesses faites durant la votation sur l’AVS, refus de dépénaliser l’avortement ou encore refus d’introduire des critères d’égalités dans l’attribution de marchés publics. 

Vous l’aurez compris, les enjeux pour la prochaine législature sont nombreux : plus large soutien à la création des places de crèches, étendre le champ d’application de l’infraction qui concerne les propos homophobes au sexisme et à la transphobie, développer un congé parental digne de ce nom ou encore fusionner le premier et le deuxième pilier de nos retraites. 

Même plus féminin, un parlement à majorité bourgeoise avance trop peu en matière d’égalité. La vague violette de 2019, n’était pas sans rapport avec la large mobilisation de la grève féministe. 

Cette année aussi, le 14 juin, parce que les disparités sont toujours aussi criantes, il nous faut retourner encore plus nombreuses et nombreux dans la rue. Car n’oublions pas, quand les femmes ont les bras croisés, le pays perd pied.