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Des rentes qui nous permettent, à nous et à nos parents, de vivre dignement

Conférence de presse du 5 mars 2020 sur l’initiative populaire AVSx13

“Nous sommes celles à qui on a confié le travail domestique, éducatif et de soins à la maison, sans lequel la société́ et l’économie ne fonctionneraient pas. Nous nous occupons et nous préoccupons des enfants, des parents âgé·e·s. Mais nous manquons d’argent et de temps. 

Nous voulons des salaires égaux pour un travail de valeur égale. Nous voulons la valorisation des métiers « féminins » et leur juste rémunération. Nous voulons des assurances sociales qui nous garantissent des rentes dignes. Nous voulons des rentes qui nous permettent de vivre dignement, sans augmenter notre âge de la retraite. Nous voulons des conditions de vie et des opportunités qui garantissent une vraie égalité́ dans le travail rémunéré́ et non rémunéré.”

Ces revendications, entre autres, ont mis un demi-million de personnes dans la rue le 14 juin dernier. Elles sont tirées de L’Appel de Bienne, texte fondateur de la grève des femmes*/féministe 2019. 

Ces revendications rappellent aussi que nous sommes face à un problème structurel plus large encore que les rentes : les écarts salariaux, les mauvais salaires des métiers dits « féminins », les sacrifices de carrière par les femmes à cause d’un système, notamment sans congé paternité, qui nous laisse la responsabilité des tâches de soin. Cette organisation encore patriarcale de notre société, toujours très présente en 2020, a la conséquence très directe et très grave de pousser des milliers de femmes dans la précarité au moment de la retraite. Ainsi, 15 % des femmes doivent recourir aux prestations complémentaires à partir de l’âge de la retraite. Et cela devient plus fréquent avec l’augmentation en âge. 

Nos revendications de femmes et de féministes sont donc très claires : notre travail de femmes, rémunéré ou non, mérite des rentes dignes ! 

Et ces rentes dignes passent par l’AVS. Dans un système où de nombreuses femmes (36 % sans prestations de la prévoyance professionnelle), mais plus largement de nombreux·euses travailleur·euses·s (21 %) n’ont que marginalement ou voire pas du tout accès à des prestations de la LPP, où elles (72 %) et ils (58 %) ne peuvent même pas rêver d’un troisième pilier, nous ne pouvons compter que sur le premier pilier, solidaire, reconnaissant du travail gratuit fourni par les femmes. 

Ces femmes, il s’agit de ma grand-mère, il s’agit de ma mère. Pour nous, jeunes Suisses et Suissesses, il s’agit en effet non seulement de s’assurer à titre personnel une retraite pour la troisième étape de notre vie, loin des calculs incertains de la LPP, loin des placements climatocides des banques et des caisses de pensions, mais, pour nous, trentenaires, il s’agit aussi de se montrer solidaires avec nos ainé·e·s et de garantir à nos proches une capacité financière synonyme de dignité, synonyme d’indépendance, synonyme de liberté. De liberté pour nos parents, mais aussi de liberté pour nous, allégé·e·s de la charge et de l’inquiétude de devoir assurer leur subsistance sur nos revenus. Soulagement pour elles et eux de ne pas se retrouver dans la gêne de dépendre de leurs propres enfants. 

Ainsi, le renforcement de l’AVS nous aide, nous les jeunes, non seulement parce qu’avec une 13e rente AVS nous encourageons l’indépendance des générations plus âgées dans un esprit de solidarité – mais aussi parce que nous nous montrons responsables de nos propres rentes. En fait, tout le monde y gagne !

Lien vers l’initiative