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Initiative 99%

La Suisse est un pays riche. Un pays dans lequel un ancien ministre demande rétroactivement le versement de sa rente alors qu’il détient une fortune de 12 milliards de francs. 

  • Pour qu’un-e infirmier-ère-x puisse un jour réunir le même montant, il lui faudrait travailler 160 000 ans.
  • Pour qu’un-e caissier-ère-x puisse un jour réunir le même montant, il lui faudrait travailler 240 000 ans.
Des riches toujours plus riches…

En 2016, 1% de la population suisse possédait 40% des richesses totales. La crise du Covid-19 a non seulement rendu visible la pauvreté en Suisse et ces inégalités de revenu, mais elle les a aussi accentuées. Alors que des gens ont dû faire la queue dans nos rues pour récupérer des paniers alimentaires, les ultra-riches n’ont pas connu la crise. En 2020, la richesse financière mondiale a progressé de 8.3% avec un total de 250’000 milliards de dollars

L’initiative pour les 99% s’attaque à ces inégalités-ci. Ce genre d’inégalités qui nous semblent à tel point invraisemblables qu’elles nous font rire. Mais il n’y a rien de drôle dans cette situation car derrière les chiffres, il y a des vies. Celles de personnes qui ont perdu par milliers leur travail à cause de la pandémie. Et si elles ont été réemployées, cela s’est régulièrement fait avec des taux de travail plus bas et des salaires plus modestes. Ces personnes-là et les bas salaires travaillent, créent de la richesse et le résultat de cet investissement personnel est souvent une fin de mois difficile. 

À l’opposé, on trouve de l’argent qui dort tranquillement et ce sans qu’il n’y ait quoi que ce soit à faire. Cet argent se transmet de génération en génération. Cet argent fluctue au gré du marché faisant perdre parfois quelques millions mais créant, le plus souvent, toujours plus de milliardaires.  

…et des pauvres qui se ruinent la santé

Le gap entre ces deux portraits de notre pays est abyssal. Il est même honteux. Précisément parce que vous avez d’une part un capital qui ne travaille pas et d’autre part une majorité qui trime, s’épuise pour recevoir un salaire de misère. Cette même majorité qui est plus fortement exposée aux risques pour sa santé et dont la durée de vie en bonne santé est plus courte que celle des hauts revenus. 

Elle est honteuse parce qu’en Suisse aussi, certaines personnes sont dans la nécessité de cumuler des emplois pour pouvoir vivre dignement. La richesse nourrit à l’étouffement les super-riches, alors que des aides alimentaires sont encore distribuées en Suisse.

Une fiscalité de classe

S’ajoute à cela une injustice fiscale crasse: les propriétaires ne sont pas imposé-e-x-s à 100%, alors que les emplois sont imposés à 100%. C’est à dire que les travailleuses et travailleurs sont non seulement contraint-e-x-s de donner plus de leur personne pour pouvoir subvenir à leur besoin, mais qu’en plus, leur gain est, à leur échelle, plus ponctionné que l’argent du capital. 

Face à l’augmentation de ces inégalités, notre société doit voir le danger de fracture sociale et les risques qui pèsent sur nos assurances sociales, de plus en plus financées par une part de la population déjà fortement ponctionnée, sans que les grosses fortunes ne participent à hauteur de leur possibilité, ni même ne fournissent un effort proportionnellement égal à la classe moyenne.

Une initiative écologiste

Mais imposer le capital n’est pas uniquement une mesure de justice sociale, c’est aussi une mesure de justice climatique.  Selon une étude d’Oxfam, les 1% des plus riches polluent deux fois plus que la moitié des plus pauvres de la population. Ceux-celles qui possèdent le plus polluent le plus. Cela s’explique par le mode de vie, c’est-à-dire l’espace vital par habitant-e-x, le nombre et la dimension des équipements énergivores possédés, la consommation de viande, l’utilisation de voitures (nombre et taille), la fréquence et la distance en transport aérien, etc.

Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement, « pour atteindre l’objectif de 1,5 °C de l’Accord de Paris, il est nécessaire de réduire les émissions liées à la consommation à une empreinte laissée par le mode de vie d’environ 2 à 2,5 tonnes équivalent CO2 par habitant d’ici 2030. Cela signifie que les 1 % des plus riches de la population mondiale devrait diviser au moins par 30 leurs émissions actuelles. ».

Nous ne nous dirigeons pas vers cet effort. Le “fleuron de notre entreprise aéronautique”, comme disent mes collègues de droite, Pilatus, se porte comme un charme, à vendre des jets privés dans le monde entier, à 15 millions de dollars pièce. Ces vols de luxe sont 10 fois plus polluants qu’un vol de ligne classique et 150 fois plus polluant qu’un trajet en train. Même constat pour les bulldozers des fonds marins que sont les yacht privés, pour les résidences secondaires qui grignotent les bords de mer et de lac, pour la surconsommation à laquelle mène la sur-possession.

La répartition des richesses est donc un outil climatique fondamental. Sans cela il sera difficile de mettre en œuvre la transition énergétique. Parce que les familles dans la difficulté financière ne peuvent qu’avec peine placer la protection de l’environnement en haut de leurs préoccupations quotidiennes. Et parce que les supers riches vont pouvoir longtemps se protéger des conséquences du réchauffement climatique, en déménageant au frais, en mettant les moyens pour se procurer les denrées qui se raréfient, en ayant l’accès aux meilleurs soins pour eux-elles et leurs proches. L’urgence n’est pas la même pour tout le monde.

Et féministe

L’initiative 99% à d’ailleurs également une visée féministe. Deux tiers des bas salaires en Suisse sont occupés par des femmes selon l’enquête sur la structure des salaires 2016 de l’OFS, cumulant souvent un temps partiel avec le travail du care. Dans ce contexte-ci, les femmes gagnent moins, cotisent moins à l’AVS et touchent donc de modestes retraites. 

Pas étonnant d’ailleurs que les grosses fortunes sont quasiment exclusivement masculines comme le démontre le classement des milliardaires du monde où aucune femme n’est présente dans les 10 premières places. 

Lutter contre les ultra-riches avec cette initiative est donc importante d’un point de vu féministe d’autant plus qu’AVS21 et le projet du Conseil fédéral de rehausser l’âge de la retraite pour renflouer la caisse ne fera que de renforcer les inégalités financières entre hommes et femmes. L’AVS n’est d’ailleurs pas le seul investissement qui devrait être prioritaire pour la Confédération dans les années à venir. Après le non à la loi sur le CO2, il est impératif d’investir massivement dans la transition énergétique et écologique. De mettre à disposition des transports publics performants et rendus accessibles. Des aides et soutiens pour les bas salaires, des moyens de réorientation professionnels efficaces et j’en passe. 

Et alors que les perspectives de sauvegarde des conditions de vie sur terre se réduisent au fil des années d’inaction politique, une meilleure répartition des richesses devient justement indispensable pour permettre à toutes les familles de s’adapter et de se protéger au mieux des conséquences du réchauffement climatique sur leur santé, sur leur alimentation, sur leur environnement de vie direct, sur leurs loisirs. 

Les mouvements sociaux de ces dernières années ont prouvé qu’il était nécessaire de travailler à une convergence des luttes. Des réponses communes à des problèmes qui nous concernent toutes et tous doivent être urgemment trouvées. Une de ces réponses se trouve dans l’initiative 99%. C’est pour cela qu’en tant que verte et vice présidente de Travail.Suisse, je soutiens un grand oui à l’initiative ce 26 septembre.

 

Texte de l’initiative

INITIATIVE POPULAIRE FÉDÉRALE «ALLÉGER LES IMPÔTS SUR LES SALAIRES, IMPOSER ÉQUITABLEMENT LE CAPITAL»

La Constitution est modifiée comme suit:

Art. 127a Imposition du revenu du capital et du revenu du travail

1. Les parts du revenu du capital supérieures à un montant défini par la loi sont imposables à hauteur de 150 %.

2. Les recettes supplémentaires qui découlent de l’imposition à hauteur de 150 % au lieu de 100 % des parts du revenu du capital au sens de l’al. 1 sont affectées à une réduction de l’imposition des personnes disposant de petits ou moyens revenus du travail ou à des paiements de transfert en faveur de la prospérité sociale.