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Le bien-être animal, c’est aussi bon pour la santé, le climat et l’agriculture locale

Il est urgent d’agir pour changer notre consommation de viande,  aujourd’hui caractérisée par la surexploitation, la surconsommation et l’importation de viande de mauvaise qualité, produites dans des conditions terribles pour les animaux et extrêmement néfaste pour le climat. Face à l’urgence climatique, aux scandales touchant certains abattoirs,  aux risques pour la santé, il est urgent de diminuer la consommation de viande dans le Canton et de favoriser activement la production locale et respectueuse du bien-être animal.

Toute une fourchette de solutions

Les recommandations de l’Office fédérale de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires en matière de consommation animale (OSAV) sont les suivantes: «La quantité quotidienne recommandée s’élève à 39 g de viande fraîche, soit environ 35 g de produits prêts à la consommation. La quantité relevée dans le cadre de l’enquête nationale sur l’alimentation, à savoir 111 g de viande par jour, est donc trois fois plus élevée que la quantité recommandée de 35 g.» 39 g de viande fraîche équivalent à un peu moins de 14 kg/an/personne au lieu des 50 kg/an/personne en Suisse (= 140 gr/jour) actuellement. Et ça tombe bien, car c’est exactement la diminution de 70% nécessaire recommandée par le GIEC dans son rapport du 8 août 2019. En effet, au-delà de la considération du bien-être animal, le GIEC recommande que les pays occidentaux diminuent de 70% à 90% leur consommation de protéines animales.

C’est donc d’abord une question de santé: la corrélation entre la surconsommation de viande et des maladies comme les cancers colorectaux, le diabète de type 2, l’obésité, etc. est prouvée. Des élevages moins concentrationnaires et locaux, dans lesquels les animaux  ont accès au plein air vont de pair avec une utilisation réduite de médicaments (dont les antibiotiques) chez les animaux, substances qui se retrouvent ensuite dans leur viande et donc dans les organismes de celles et ceux qui les mangent. Un modèle d’élevage qui prend en compte ces données permet de réduire le la présence d’OGM dans notre assiette  et de combattre les résistances aux antibiotiques chez les humains,  phénomène en augmentation depuis quelques années et considéré par l’OMS comme un grave fléau.

C’est évidemment aussi une question climatique et environnementale : un tiers de l’empreinte écologique européenne est liée au contenu de nos assiettes. Produire 1kg de viande de porc émet autant de CO2 que produire 80kg de pommes de terre. Pour obtenir un kilo de viande de bœuf, il faut produire et transformer 5 à 20 kg de fourrage. Ainsi, réduire sa consommation de viande permet de diminuer  les importations de fourrage : moins de transports et donc moins d’émissions de CO2.

C’est encore agir directement sur la préservation de la forêt amazonienne, contre l’expropriation des petits paysans à l’autre bout du monde et la disparition des populations autochtones. En effet, les feux qui ravagent régulièrement la forêt amazonienne sont dus à la création artificielle de terres arables destinée à la monoculture de soja et de maïs OGM. Des produits qui serviront à nourrir le bétail – local et européen ! – au détriment de la forêt humide. De plus, ces incendies volontairement déclenchées pour augmenter la surface des zones agricoles ont pour effet un asséchement du terrain. Résulat: les incendies n’en sont que plus virulents…

N’oublions pas non plus que les bêtes elles-mêmes contribuent à la production de C02 par le méthane qu’elles émettent naturellement, le lisier et le fumier. Ces déjections animales créent des « lagons d’oxydation » polluant les nappes phréatiques et rejetant du protoxyde d’azote (gaz ayant un impact sur le climat 298 fois plus élevé que celui du CO2). Enfin, le transport des animaux jusqu’à l’abattoir, l’abattage, l’emballage de la viande, son stockage et le recyclage des déchets d’emballages produisent d’immenses émissions de C02, notamment par une utilisation abusive de pétrole.

Une tromperie de mauvais goût

C’est pour finir aussi important pour notre agriculture locale. En effet, la surconsommation de viande en Suisse implique forcément une importation de viande étrangère qui ne répond pas aux normes suisses. Ce marché parallèle crée une concurrence déloyale pour les producteurs suisses et  trompe les consommateurs puisque aucune transparence sur la production de la viande qu’ils consomment n’est ainsi assurée. En diminuant sa consommation de viande, on diminue les besoins de production. On  restitue ainsi les terres arables  – jusqu’alors destinées à la culture de fourrages – à  l’agriculture locale, amplement capable de nourrir la Suisse. En effet,  en Suisse, trop de terres sont actuellement destinées à la seule culture de l’affouragement du bétail. Plus encore, en libérant ces terres, on peut alors faire le choix de l’agriculture extensive. Ce modèle  nécessite certes 20% de terres en plus pour atteindre un  rendement nécessaire. Mais  il peut nourrir producteur et consommateur, sans pesticides ni maltraitance animale.

Il est indispensable de rappeler qu’avant d’être un bien de consommation, un animal est un être vivant. Un être vivant qui ressent la souffrance physique, mais aussi émotionnelle. Le marché mondial actuel de la viande a des effets néfastes sur la santé, sur la production locale et pour le climat, mais il implique surtout et forcément une production intensive de viande qui torture et massacre des centaines de milliers d’animaux de par le monde.

En Suisse , si beaucoup d’éleveurs travaillent dans le respect du bien-être de leurs bêtes et sont attachés à elles, un grand nombre d’animaux « de rente » suisses ne verront jamais de leur vie d’herbe ou la lumière du soleil. Rappelons que chaque année, sur le territoire helvétique, 50 millions d’animaux terrestres sont élevés et abattus pour satisfaire la gourmandise humaine. C’est pour cela que je soutiens l’initiative nationale sur l’élevage intensif. Dans le monde, ce sont au moins 70 milliards de bêtes par année. Pour donner une échelle plus parlante: 2000 animaux abattus par seconde, on tue autant d’animaux en une semaine que toutes les guerres dans l’histoire humaine, on tue, en un an, autant d’animaux que le nombre estimé d’humains ayant foulé le sol de cette planète, depuis Lucie.

Il n’est donc plus responsable ni cohérent de la part des autorités publiques et politiques de subventionner des exploitations, un système de production agricole et une restauration collective qui ne mettent pas tout en œuvre pour favoriser une diminution de consommation de  viande. Car tout le monde y trouve son compte, sauf le lobby des gros producteurs de viande et de lait évidemment. Il est donc temps que le Canton de Vaud s’engage pour encourager les citoyen·ne·s à consommer moins de viande, par exemple simplement dans le respect des quantités recommandées par l’OSAV. Cela implique d’agir sur l’offre publique en alimentation (cantines et réfectoires ou apéritifs et repas officiels), mais également sur les subventions, sur l’éducation, sur la prévention sanitaire. Il est grand temps!

EN COMPLÉMENT

Rapport «Consommation de viande en Suisse en 2014 et 2015» de l’OSAV

Télécharger

Dernier rapport sur l’alimentation du GIEC (8 août 2019)

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