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Les jeunes ne doivent pas payer la crise du COVID

À l’annonce de l’ouverture de la vaccination contre la COVID-19 aux jeunes dès 18 ans dans le canton de Vaud, près de 63% des nouveaux rendez-vous étaient des personnes âgées de moins de 30 ans. Ceci témoigne non seulement de la solidarité renouvelée dont fait preuve la jeune génération, mais aussi et surtout, l’envie de dépasser cette crise rapidement.

Et si l’envie est si pressante de retrouver des espaces de socialisation et des perspectives, c’est entre autres raison en réaction à l’enseignement à distance généralisé, une vraie  plaie pour les élèves et étudiant-e-x-s. Des cours qui demandent une concentration redoublée puisque l’environnement de travail n’est plus garanti par un auditoire sans distraction permanente, mais aussi parce que les frontières entre la vie numérique académique et la vie numérique privée sont devenues poreuses.

La présence sur les lieux de formation assure un espace de travail dédié et permet de maintenir un espace de vie qui ne soit pas synonyme d’efforts constants. De plus, le transport, le changement d’espace, les pauses, l’interaction sociale avec les pair-e-x-s sont une partie intégrante de ce qui garantit les conditions-cadres d’une formation saine.

Bien sûr, les universités ont fait des efforts considérables pour mettre à disposition des outils de travail performants en très peu de temps. Toutefois, ceci ne doit pas épargner les réflexions indispensables de protection des sphères privées, de créer de véritable limite à l’utilisation de canaux privés et moyens privés comme outils nécessaires à la formation. La COVID-19 a donc complexifié et compliqué les parcours de formation alors qu’étudier est difficile en soit, même dans les meilleures conditions !

Je comprends donc la lassitude et l’énervement, la déception et la rage face aux décisions qui se sont enchaînées durant un an sans que la jeunesse ne soit véritablement considérée. Et malgré les longs mois de doutes et d’incertitudes dans lesquels les jeunes ont été confiné-e-x-s, iels ont su se montrer extrêmement solidaires. Les jeunes sont celles et ceux qui se font le plus souvent dépister et représentent la population la plus demandeuse en vaccins.

Et cette ouverture, cet espoir permis doit être soutenu et accompagné d’effort concret et massif. Les mois perdus par ces générations ne pourront jamais être rendus. Il nous faut donc à minima que chacune et chacun puisse reprendre sa formation et son parcours de vie comme iel l’avait envisagé avant la pandémie. Ainsi, il est indispensable d’assurer un soutien en 3 points : en garantissant la qualité des lieux de formations, les emplois et un soutien en matière de santé mentale. 

1. Cours en présentiel, accès aux bibliothèques

Lorsque le Conseil fédéral a rendu possible l’enseignement hybride, il a parfois été préféré par certaines écoles de maintenir les classes en ligne. Il faut changer ce paradigme et permettre la participation à des cours en présentiel, même en petit groupe.

Et si les cours ne peuvent pas reprendre en présentiel, il faut donner des possibilités d’accéder à des espaces de travail, assimilables à des bibliothèques, surtout en période d’examen. 

2. Un fond d’urgences

Je soutiens la création d’un fonds d’urgence qui est absolument indispensable tant les emplois d’étudiant-e-x-s, les fameux petits jobs, ont été les premiers à être supprimés avec la crise. Et non seulement il n’y a plus d’emploi pour permettre aux étudiant-e-x-s de vivre et survivre, mais en plus, ces emplois-là sont souvent précaires, ne donnant lieu à aucune prestation sociale comme les RHT ou encore les APG. 

Il nous faut donc maintenant un fonds qui indemnise toute personne en formation non seulement pour les mois où le financement a manqué, mais aussi, et surtout pour permettre de débuter et de relancer une activité professionnelle et de ne pas voir la précarité étudiante devenir encore plus la norme.

3. Instaurer une vraie stratégie en matière de santé mentale

La santé mentale représente le premier souci de santé pour les jeunes. Et ce, en dehors de la pandémie et des crises qui en découlent. La Suisse dispose d’un système redoutablement efficace pour la prise en charge de la somatique aiguë tandis que l’ambulatoire et la santé psychique sont à la traîne. À titre d’exemple, le modèle de prescriptions pour les psychologues ne devrait entrer en vigueur qu’en 2022, alors que les besoins sont d’ores et déjà présents et que certain-e-x-s jeunes doivent renoncer à ce type de soins pour des raisons financières. La Suisse manque d’une stratégie en matière de santé mentale nationale et c’est pour cela que j’ai déposé une motion demandant la mise en place d’une telle coordination par la Confédération. Les associations faîtières d’étudiant-e-x-s ont aussi fait, pour la plupart, leur part du boulot en mettant en place, à leur échelle, des solutions pour les jeunes.  

En parallèle des faîtières universitaires, le Conseil Suisse des Activités de Jeunesse (CSAJ), Pro Juventute ou encore l’UNICEF ont lancé il y a peu un appel pour un retour à la normalité. Le message y est plus que clair. Les enfants aussi souffrent des effets de la pandémie et nécessitent une attention toute particulière. Parce que lorsqu’est évoqué le flou dans lequel les jeunes sont plongé-e-x-s dans leur formation, à long terme, les enfants de demain vivront avec les décisions prises aujourd’hui. Les choix économiques, les dettes, les fractures sociales amplifiées par la crise sanitaire et j’en passe. De plus, il est connu que les changements climatiques amènent toujours plus d’épidémies et de pandémies. Les jeunes d’aujourd’hui doivent donc se dépatouiller pour entrevoir des perspectives pour leur futur tout en sachant qu’iels reviendront probablement un jour à ces situations similaires. Les enjeux pour ces générations-là sont donc bel et bien gigantesques ! 

Si l’ouverture des activités et des lieux de formations peut définir un socle bienvenu pour faciliter le retour à une vie sociale pour des jeunes en formation, maintenir d’autres lieux accessibles en temps de pandémie devient indispensable puisque les enfants eux-elles, ne fréquentent pas ces infrastructures-là. Des lieux de vie pour un-e-x enfant de 10 ans comme pour un-e-x jeune adulte de 25 ans. Là où il faut instaurer des mesures dans les filières de formations pour un-e-x jeune, il faut garantir un accès sans concession aux activités extrascolaires pour un-e-x enfant.

Il ne s’agit d’ailleurs pas que de loisir. Des mesures sont à prendre pour lutter contre les problèmes de santé mentale des jeunes sans oublier la somatique. Rappelons le contexte où le COVID-long est identifié de manière toujours plus soutenue chez les adolescent-e-x-s comme étant une maladie interférant dans leur vie quotidienne. Sans oublier des cas plus graves qui ont amené le CHUV à hospitaliser plus de 30 jeunes pour un syndrome inflammatoire multisystémique dû au COVID. Dans l’ombre des vaccins, ces formes-là de la maladie ne doivent pas être oubliées et doivent bénéficier de moyens pour permettre de soigner “tout un chacun”, quel que soit son âge.

Des solutions existent maintenant. Les campagnes de vaccination signifient un espoir de sortie de crise. Les débats autour du passeport vaccinal ouvrent  pourtant la porte à des discriminations supplémentaires et pas que pour les jeunes. Le Conseil fédéral doit édicter des plans clairs de gestion de la crise, avec des étapes et des conditions lisibles et compréhensibles, même pour les jeunes. C’est pourquoi j’ai adressé une série de questions au gouvernement sur l’impact de la pandémie pour les jeunes. 

De plus, un postulat propose au parlement d’établir un rapport sur les effets à long terme sur la santé psychique des jeunes et de garantir la prise en charge dont iels ont besoin en matière de santé mentale. Heureusement, cet objet a le soutien du Conseil fédéral et devrait entrer en force.

Personne ne doit être oubliée, encore moins en période de crise. Tout affaiblissement des conditions d’études ou de travail est plus difficile à retrouver qu’à perdre. Cette vigilance est de mise pour l’avenir de la jeunesse et ne doit pas empêcher d’exprimer cette même attention pour toutes les autres générations.