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Session extraordinaire : votum vert

Madame la Présidente,

Madame la Présidente de la Confédération,

La courbe suisse suivait la même ligne que celle de l’Italie. Les images qui nous provenaient du nord de l’Italie, pourtant avec l’un des systèmes sanitaires le plus performant en Europe, faisant froid dans le dos, avec des gens qui mourraient dans les couloirs des hôpitaux. Touchés en premier, les cantons latins ont essuyé les plâtres d’une forme de sidération face à la propagation de la maladie. Le reste de la Suisse a ensuite bénéficié des mesures drastiques salutaires mises en place et a donc moins été touché. Nos pensées vont à celles et ceux qui on perdu un·e proche, des ami·e·s, dans le silence de la crise. Alors que les exigences de réouverture totale deviennent assourdissantes, il faut se rappeler cette réalité : les cantons latins ont sonné l’alarme et ainsi protégé le reste du pays avant qu’il ne soit trop tard. Leur imposer une reprise des activités le plus rapidement possible et moins lentement que nécessaire est un terrible manque de solidarité nationale.

C’est pourtant la solidarité qui va nous faire sortir de cette crise la tête haute. Cette même solidarité qui a permis en quelques semaines de débloquer des milliards pour les entreprises, pour les indépendant·e·s, pour les milieux de la culture et du sport, pour acheter masques et médicaments afin de les redistribuer. Ces mesures sociales et sanitaires montrent encore une fois l’importance cruciale d’avoir une État social puissant et un système de santé fort, capables de résister aux crises. Celle du coronavirus nous apprend ce qui a de la valeur, à commencer par le service public et les professions en première ligne comme le personnel de la santé, le personnel de vente, de nettoyage, de la poste, de la sécurité, des voiries, des transports, de la livraison. Tous ces hommes et toutes ces femmes, beaucoup de femmes, qui méritent maintenant notre reconnaissance et notre solidarité.

La crise nous apprend aussi autre chose : notre démocratie formidable peut encore être améliorée. La loi sur les épidémies présente en effet de douloureuses lacunes, en particulier dans le rôle flou laissé au peuple, représenté par son Parlement. Parlement qui a été privé de son pouvoir même sur des décisions qui ne reviennent qu’à lui in corpore comme la fin de la session ou l’annulation des commissions. Un Parlement qui, au 21ème siècle, ne peut pas se réunir en ligne pour assumer son rôle. Chers et chères collègues, en l’absence d’une cour constitutionnelle que les Verts appellent de leurs vœux, nous avons maintenant la charge d’évaluer a posteriori les décisions prises par le Conseil fédéral et d’en tirer les enseignements en prévision de la prochaine crise.

Car prochaine crise il y aura. La pression humaine sur les habitats naturels et l’exploitation que nous faisons des animaux sauvages et domestiques afin d’assouvir notre surconsommation est probablement la source de la pandémie du coronavirus. Les épidémiologistes avertissent de cette menace depuis des années tout comme les climatologues du réchauffement climatique. La crise du coronavirus nous prouve douloureusement que la destruction de l’environnement a des conséquences graves sur la santé humaine : nouveaux vecteurs et apparition de maladies, mais aussi canicules, allergies, eau et aliments pollués, bruit et pollution de l’air. Aujourd’hui plus que jamais, l’environnement est donc un enjeu de santé publique majeur !

Les crises sanitaires et la crise climatique ont un autre point commun : elles frappent plus fort les petits revenus et les familles qui galèrent. En cas de pénurie, qui peut se procurer plus facilement de l’eau, de la nourriture et des biens de première nécessité ? En cas d’épidémie ou de vague de chaleur, qui peut fuir les zones urbanisées pour se réfugier dans des résidences secondaires ? Qui économise sur les restaurants et qui voit au contraire ses dépenses structurelles augmenter ? La crise du coronavirus a montré que les personnes les moins bien loties sont aussi celles qui sont touchées en premier et le plus fortement en cas de crise. Ce sont aussi celles qui s’en sortiront le moins bien. C’est là qu’intervient le besoin d’un État social fort, le même qui devra être le garant de la sécurité de la population lors de la prochaine crise, climatique cette fois.

Car si la pandémie qui sévit actuellement a été difficile à prévoir, ce n’est pas le cas de l’autre grande crise qui nous attend, la crise climatique. Nous savons ce qui nous attend et comment l’éviter. Après la crise du coronavirus, nous ne devons pas redémarrer comme avant ! Les 60 milliards pour contrer les effets de la crise du coronavirus et les mesures supplémentaires qui ne manqueront pas d’arriver pour soutenir la relance sont l’occasion d’investir dans le tournant énergétique, de relocaliser la production et la consommation et de changer de mobilité en profitant des nouvelles compétences de télétravail acquises et de la (re)découverte du loisir de proximité.

Dans cette optique, les VERTS saluent les mesures prises pour atténuer les conséquences sociales du coronavirus et se réjouissent de pouvoir les améliorer cette semaine. En particulier, ils se félicitent d’avoir obtenu un soutien pour les dirigeant·e·s salarié·e·s de leur entreprise, des mesures d’aides pour les crèches et les solutions de garde, ainsi qu’un encadrement rapproché de l’application de tracing actuellement en élaboration. Les VERTS saluent aussi les mesures de soutien aux médias et aux locataires ainsi que l’interdiction du versement de dividendes en cas de mesures de chômage partiel.

Mais les VERTS regrettent certaines mesures qui devraient désormais appartenir au passé, en particulier le sauvetage prévu de l’aviation sans garanties climatiques. Les VERTS exigent des objectifs climatiques efficaces et correspondants aux engagements internationaux de la Suisse en cas de soutien des compagnie aériennes. Les VERTS ont également une position très critique sur l’engagement de l’armée pour répondre à la crise, engagement qui pose de sérieuses questions sanitaires et économiques. Pour les VERTS, aux menaces civiles doivent répondre des solutions civiles, mieux formées et plus flexibles.

Enfin et parce que les applaudissements et les jolis mots de gratitude ainsi que les appels à la solidarité prononcés ne suffisent pas, les VERTS regrettent que certaines de leurs propositions n’aient pas été entendues en commission et redéposerons des textes allant dans ce sens. Pour les VERTS, la première urgence est d’aider les personnes qui en ont le plus besoin, en particulier les familles. Les VERTS déposent donc une motion pour que les primes maladies n’augmentent pas à cause du coronavirus. La seconde urgence est de garantir la santé et la récupération de celles et ceux qui ont montré leur caractère indispensable et pour qui la Confédération a rendu possible d’être exploité plus de 60 heures par semaine. Les VERTS déposeront donc une motion pour un bonus sous forme d’un 14ème salaire ou d’un mois de congé payé supplémentaire pour le personnel de la santé. La troisième urgence est de prévenir la prochaine crise en misant sur une relance verte, avec un programme d’impulsion favorable à notre environnement. Les VERTS déposeront plusieurs objets pour un Green new deal. Sans cela, les jours sombres sont devant nous !