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Ma politique de santé, 3ème volet : répondre aux enjeux contemporains

Troisième volet de ma vision de la politique en matière de santé : les enjeux contemporains.

La crise du coronavirus n’est pas une surprise. Une pandémie de cette ampleur est annoncée par les épidémiologistes depuis des années, elle a même été étudiée et des modèles de réponses élaborés. Mais, comme pour les climatologues, ces scientifiques ont crié dans le vide. Ainsi, la crise du coronavirus rappelle notre fragilité collective face à la maladie, mais aussi que notre action humaine sur la Terre a des conséquences directes sur notre santé. Il est en effet prouvé que la crise du coronavirus a des origines humaines indirectes: la pression de que nous exerçons sur les habitats naturels et l’exploitation que nous faisons des animaux, sauvages comme domestiques. Parmi les conséquences du réchauffement climatique et de la disparition de la biodiversité, les scientifiques pointent depuis des années les risques d’épidémie ou de pandémie et l’augmentation des maladies.

L’environnement, un enjeu de santé publique capital

La dégradation des conditions environnementales qui permettent son existence sur notre planète met donc bien l’humanité face au plus grand danger qu’elle n’ait jamais eu à affronter. Notre activité humaine destructrice met en péril notre santé à toutes et tous, comme le démontre clairement cette pandémie de coronavirus mais aussi les vagues de chaleur meurtrières, l’augmentation des allergies en passant par l’affaiblissement de nos systèmes immunitaires à cause de la pollution de nos aliments et de nos sols par les pesticides. La politique environnementale devient donc un enjeu de santé publique majeure, et prioritaire. 

De surcroît, la santé n’est pas qu’un domaine sur lequel les dérèglements climatiques auront un impact, mais peut également être un champ d’action de la lutte contre ces dérèglements. Dans une optique par exemple visant à réduire les émissions et la pollution associées à la production pharmaceutique, aux posologies médicamenteuses, aux prescriptions, au gaspillage et à la production de déchets ou encore l’utilisation de l’eau, etc. En particulier, un plan climat devrait établir les mesures aptes à diminuer les émissions de gaz à effet de serre qui favoriseront directement la santé et le bien-être en Suisse. Pour finir, la santé est un vecteur décisif pour pousser les gens à changer de paradigme et de fonctionnement.

Les synergies maximales entre atténuation du réchauffement climatique et promotion de la santé concernent en premier lieu le transport. En particulier, la diminution des polluants atmosphériques, émis en même temps que le CO2 lors de la combustion des carburants fossiles, et l’augmentation de la mobilité douce entraîneront un bénéfice important pour le climat comme pour la santé. Il serait notamment particulièrement indiqué d’aborder les questions sanitaires en lien avec les risques pour la santé physique et mentale combinés au manque d’activité physique dû à notre recours à une mobilité non active et bruyante (car motorisée). En second lieu, les modifications de nos modes d’alimentation, en particulier la diminution de la consommation d’aliments ultratransformés et de produits carnés ainsi que l’augmentation des aliments régionaux, de saison et issus de l’agriculture biologique sont favorables à la santé. Ces actions permettraient aussi de mieux préserver notre biodiversité et nos cadres de vie naturels. Ainsi, les risques amenés par les pressions humaines sur l’environnement seraient amoindris et avec eux ceux touchant à la transmission des maladies d’animaux sauvages (au hasard la chauve-souris ou le pangolin) vers l’humain. 

Des enjeux à aborder sans dogmes ni moralisme

Malheureusement, bien que les preuves du danger et de l’urgence pour notre santé soient éclatantes, la politique majoritaire en Suisse (mais pas que) persiste à réagir avec lenteur et mauvaises volonté, pour défendre une doctrine politique. À cette image, d’autres enjeux fondamentaux sont à aborder politiquement avec une vision progressiste, afin d’y répondre efficacement et donc sans dogme. Nous devons mettre en place une politique des addictions cohérente et responsable, débarrassée du moralisme ambiant actuel qui ne répond ni aux besoins de soins des personnes malades, ni au besoin de sécurité de la population, ni au besoin d’efficacité des forces de l’ordre. Nous devons regarder en face les problèmes que pose notre approche là aussi moraliste de la santé sexuelle et mettre les moyens pour pousser au dépistage des IST, pour déstigmatiser les personnes portant une maladie sexuellement transmissible, pour garantir le libre choix face à une grossesse ou une stérilisation volontaire, pour permettre une éducation sexuelle favorisant la santé, le respect et le plaisir, pour permettre l’émancipation face à des pratiques et croyances traditionnelles et religieuses dangereuses pour la santé physique et mentale. Nous devons aussi reconnaître, traquer et éliminer toutes les formes de discriminations encore existantes dans le domaine de la santé et qui mettent en péril la qualité des soins, notamment pour les femmes et les personnes racisées.

Une santé collective, qui laisse de la place à la finitude

Face à ces enjeux, la médecine biomédicale qui veut sauver chacun et chacune de la mort est mise à mal. La vision de la responsabilité personnelle face à la maladie montre non seulement ses limites, mais aussi ses torts dans la majorité des cas. La médecine communautaire doit au contraire prendre plus de place pour penser la santé comme un système, avec des causes et des solutions collectives aux grands enjeux sanitaires contemporains, à commencer par le risque environnemental et épidémique.

Dans un mouvement parallèle, nous devons nous poser ces questions : voulons-nous vraiment vivre jusqu’à 150 ans et dans quelles conditions ? Une médecine qui repousse toujours les limites de la mort, au dépens parfois (souvent ?) de la qualité de vie est-elle celle que l’on veut ? Une médecine centrée sur la survie des patients et des patientes plutôt que de la prévention et de l’accompagnement bienveillant dans toutes les étapes de la vie est-elle vraiment l’objectif ? La question de la mort est encore taboue dans notre société, ce qui a des effets importants sur la santé publique, sur notre système sanitaire et sur les finances publiques. Directives anticipées, décès à la maison, droit de représentation des proches, soins palliatifs, suicide, accompagnement des personnes en deuil et même les objets accompagnant les mort·e·s comme les cercueils :  la mort et ses conséquences revêtent de nombreux aspects dont la politique a de la peine à se saisir en amont et avec sérénité. Ainsi, aucune place n’est laissée à la finitude dans notre politique de la santé. À tort à mon avis ! Car notre population vieillit. Une réflexion commune et globale autour de la fin de vie et de la mort, paraît aujourd’hui indispensable. Des discussions constructives doivent être ouvertes sur la place publique. Il est important d’en débattre et de réfléchir aux mesures à mettre en œuvre pour améliorer la fin de vie, car avoir une mort qualité́ fait aussi partie de la qualité́ de vie.

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