Le 1er décembre 2019, portée par une impressionnante vague verte (qui ne faiblit pas), j’ai prêté serment comme conseillère nationale vaudoise ce qui me permet depuis de vivre cette vie si particulière de politicienne de milice. Un an après l’accession à ce siège, il est temps de faire un premier bilan.
Mon rôle de politicienne de milice
Cette première année en tant qu’élue fédérale n’aurait pas pu être plus particulière. Avec la crise du COVID-19 en toile de fond, le travail au sein de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique a été bien plus important et urgent qu’escompté. Nous avons aussi vécu deux sessions parlementaires extraordinaires. Extraordinaire c’est donc le premier mot qui me vient à l’esprit quand je pense à tous les changements dans nos vies liés à ce virus.
Sur le plan politique, il a fallu aussi s’adapter en prenant la mesure du risque pour moi et mes proches. Je suis en effet en contact avec beaucoup de gens, je veille donc à suivre à la lettre toutes les consignes sanitaires. Le fait de faire campagne à distance pour des objets qui me tiennent pourtant très à cœur, de ne pouvoir véritablement rencontrer la population est un effet secondaire parfois difficile à gérer. Car aller dans la rue pour défendre mes idées et mes valeurs ainsi que garder le contact avec les vaudois et les vaudoises est une chose que j’apprécie énormément.
Commencer cette vie parlementaire a été un défi d’autant plus grand, une sortie de formation accélérée. Surtout qu’il est certain que cette crise majeure aura des conséquences auxquelles nous ne pourrons pas totalement faire face et si ce sentiment d’impuissance est une belle leçon d’humilité, il est aussi éprouvant.
Mes réussites
Car oui, j’ai remporté quelques batailles durant cette première année! Tout d’abord, je suis heureuse d’avoir pu porter des revendications en lien avec la légalisation du cannabis. La modification de la loi sur les stupéfiants, qui a été acceptée par le Conseil national cette année, permettra des essais pilotes de consommation récréative. Nous pourrons alors obtenir des données réelles sur la consommation de cannabis pouvant ensuite amener à une adaptation de notre législation à la réalité du terrain, aux besoins réels de la police et de la prévention en santé. De plus, sur l’impulsion des VERTS, le cannabis utilisé pour ces essais sera si possible bio!
Ensuite, j’ai obtenu par mon travail en commission que soit mise en place une campagne contre les violences domestiques dans le cadre de celles touchant au Covid-19 et qu’elle soit diffusée rapidement et à large échelle. Son but est d’informer les victimes potentielles – adultes comme les enfants – sur les ressources à leur disposition en cas de violences domestiques (physiques comme psychologiques). Ce projet a permis la réalisation d’une campagne d’affichage rappelant où trouver de l’aide. Des affiches ont ainsi été placardées dans de nombreux magasins.
Ensuite, dans le dossier des prix des médicaments, avec les VERTS nous avons plaidé et obtenu une solution alternative au prix de référence proposé par le Conseil fédéral afin de freiner la hausse des coûts en éliminant les incitations négatives à la vente de génériques, tout en préservant la qualité et la sécurité de l’approvisionnement (voir ma note de blog à ce sujet). Cette solution, plus juste pour les patient·e·s et les pharmacien·ne·s permettra des économies et une préservation des soins.
Enfin, par le biais d’une interpellation visant à soutenir les proches aidant·e·s, j’ai demandé au Conseil fédéral d’évaluer la situation de ces personnes compte tenu de la pandémie de coronavirus et de quelle manière il était prêt à accélérer le processus afin que la loi sur l’amélioration de la conciliation entre activité professionnelle et la prise en charge de proche puisse déployer ses effets rapidement. La loi entrera en vigueur le 1er janvier 2021.
Quelques dépôts qui me tiennent à cœur
Sur le plan de l’égalité, j’ai tout d’abord déposé deux textes pour permettre plus d’égalité dans le domaine de la santé (à retrouver ici et ici). J’ai aussi posé une question sur les violences domestiques touchant la communauté LGBTIQ+ et une autre en lien avec les agressions GHB ayant eu lieu à Lausanne en septembre. J’ai interpellé le Conseil fédéral sur le harcèlement scolaire, l’accès à l’information pour la communauté sourde, les droits sexuels et l’autodétermination des personnes en situation de handicap et l’impact qu’a eu le COVID-19 sur la santé sexuelle et reproductive. J’ai aussi déposé deux postulats, le premier portant sur l’accès à la contraception en temps de crise sanitaire et le second sur la problématique des licenciements des jeunes mères.
Au sein du Parlement fédéral, le sujet de la lutte anti-spécisme n’avait jamais été abordé avant le dépôt de mon interpellation à ce sujet cet automne. J’y interpelle le Conseil fédéral afin de connaître ses pistes pour sortir d’une société maltraitante et ainsi de lutter contre le spécisme.
Avant cela, en mai, j’ai demandé au Conseil fédéral dans une motion de créer un fonds spécial pour un plan de récupération au bénéfice du personnel de la santé et hospitalier en première ligne pendant la crise du coronavirus. Ce fonds permettrait de financer un bonus correspondant, au choix des personnes concernées, au versement supplémentaire d’un mois de salaire ou à l’indemnisation d’un mois de congé payé. Les applaudissements ne suffisent pas!
Les climatologues nous avertissent depuis des années des impacts néfastes du changement climatique, tout comme les épidémiologistes de l’augmentation du risque de pandémies et nouvelles maladies liées à la destruction des habitats naturels, à l’urbanisation et à la mondialisation. Face à cette réalité, j’ai chargé le Conseil fédéral, à travers un postulat, de soumettre au Parlement un rapport et des analyses exposant ses objectifs climatiques en matière sanitaires et de proposer des mesures d’atténuation et d’adaptation.
Jeux d’influence
La politique au sein du Parlement manque bien souvent de transparence. Encore récemment, le Conseil national a refusé d’accroître la transparence pour les lobbyistes. Or ce principe cardinal est indispensable car c’est la seule manière, à mes yeux, d’être en cohérence avec ma position morale et éthique face au monde politique. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai publié sur mon site internet une rubrique présentant mes revenus, mes dépenses et mes liens d’intérêts. Je veille aussi à mettre régulièrement mon profil Lobbywatch à jour.
Le groupe des VERTS
Notre groupe parlementaire est aujourd’hui composé de 30 élu·e·s au Conseil national et cinq au Conseil des Etats, soit 22 femmes et 13 hommes. Nous sommes le groupe parlementaire le plus féminin et le plus jeune. Ensemble nous essayons de faire avancer l’écologie politique et de défendre nos priorités pour la législature.
En tant que parti minoritaire, il est très difficile et rude de faire entendre notre voix. Trouver des accords qui ne mettent pas à mal nos valeurs est un véritable jeu d’équilibriste. Et nous perdons souvent. C’est aussi ça la réalité du Parlement : une majorité de droite bourgeoise pour qui l’écologie a été un slogan de campagne. Des velléités de croissance toujours plus grandes, un manque de solidarité crasse et des intérêts défendus parfois abscons.
Les valeurs vertes chevillées au corps nous essayons néanmoins d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Nous y parvenons parfois, avec quelques victoires de groupes comme des textes sur l’économie circulaire ou quelques améliorations de la loi sur le CO2. La tête haute, nous pouvons dire que nous faisons tout afin de faire avancer la lutte contre le réchauffement climatique, l’égalité réelle ou la préservation de la biodiversité.