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Deux ans de Grand Conseil: un bilan à mi-parcours

Depuis juin 2017, j’ai le grand plaisir et l’honneur de siéger au Grand Conseil vaudois. Une expérience très riche qui me permet de défendre en plénière et en commissions les thématiques qui me sont chères. Dans la perspective de la rentrée prochaine, voici les moments forts de ces deux années dans ma vie de députée.

Climat

Les questions climatiques arrivent, enfin, dans le champ de vision de la majorité du Grand Conseil. Depuis août 2018, la jeune génération se mobilise avec ferveur dans le cadre du mouvement de la grève pour le climat et la pression exercée nous a permis de gagner quelques petites victoires symboliques, comme la déclaration d’urgence climatique. Mais rappelons qu’en janvier de cette année, les député·e·s PLR-UDC ne voulaient même pas que le Conseil d’État rencontrent les grévistes. Lors du débat en plénum à ce sujet, je les ai défendues avec coeur. Les nombreuses vues de la vidéo – plus de 90’000 – et les commentaires reçus sont aussi le signe du soutien populaire aux grévistes et le partage de nos inquiétudes climatiques.

Le GIEC a rappelé la part considérable liée à la production industrielle de viande et sa surconsommation dans le réchauffement climatique. À cela s’ajoute la problématique de la maltraitance animale, en Suisse aussi. Végétarienne, cette question me préoccupe depuis plusieurs années. J’ai ainsi déposé en mars 2018 une interpellation au sujet du traitement du bétail lors des transports vers les abattoirs, dont la réponse attend d’être traitée au Grand Conseil, mais n’est pas pleinement satisfaisante. Il faudra insister!

Santé

La santé est pour moi un sujet indissociable des questions écologistes. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à être membre de la commission thématique de santé publique, qui traite de tous les sujets du Grand Conseil concernés par la santé: de la gratuité des tests VIH aux coûts de la santé en passant par la possibilité d’une étude sur la légalisation du cannabis.

Outre les enjeux climatiques (j’ai déposé un postulat pour que la santé soit au cœur du futur plan climat du canton), je suis particulièrement attentive à une meilleure prise en considération des médecines complémentaires. Souvent, elles peuvent compléter les thérapies allopathiques avec des avantages indéniables pour les malades – notamment en réduisant les effets secondaires – et pour les soignant·e·s, en améliorant le lien interpersonnel et en réduisant les coûts. Le but de cette démarche est bien de permettre aux patient·e·s qui le souhaitent de choisir en toute sécurité comment ils et elles souhaitent se soigner. En parallèle aux discussions sur le plan stratégique du CHUV, pauvre sur le sujet, j’ai donc déposé une motion pour la création d’un service de médecine complémentaire, qui doit encore être traitée en commission.

Egalité

Les fléaux du harcèlement sexuel et des violences domestiques doivent impérativement être pris en charge par les pouvoirs publics et donc pris au sérieux par les politiques. J’ai donc défendu avec vigueur la nouvelle loi contre les violences domestiques surnommée “Qui frappe part” et continue à réclamer un renforcement des mesures socio-éducatives pour accompagner les auteur·trice·s de violences. J’ai également déposé un postulat qui demande au Canton de mettre en place un plan d’action contre le harcèlement sexuel dans tous les domaines. Malgré une opposition de la droite au sein de la commission, j’ai obtenu le soutien de la majorité du plénum, grâce notamment à la solidarité des femmes du Grand Conseil. En 2017, j’ai par contre connu une défaite avec mon interpellation sur la morale vestimentaire dans les écoles, ayant soulevé l’opposition de toute une génération de député·e·s  qui n’ont pas conscience de la pression de l’apparence subie par les adolescent·e·s. Loin de me décourager, cet événement n’a fait que renforcer ma volonté de faire évoluer les mentalités.

La lutte contre les violences envers les populations LGBTIQ+ est le pendant indissociable de mon engagement pour l’égalité. Une motion m’a permis d’exiger que des statistiques soient tenues sur ces agressions, proposition qui doit encore être discutée en commission. L’objectif est aussi de former le personnel policier pour une meilleure gestion de ces actes. J’attends aussi que mon interpellation sur la santé des jeunes non exclusivement hétérosexuel· le· s soit traitée au Grand Conseil. Et l’égalité concerne aussi les personnes en situation de handicap. C’est pourquoi j’ai déposé une demande d’initiative pour la reconnaissance de la langue française des signes dans notre Constitution cantonale, et de cette manière garantir une meilleure inclusion des personnes sourdes et malentendantes dans notre société.

Culture

Politicienne et historienne de l’art, je souhaite participer à la démocratisation de l’art tout autant que soutenir et valoriser les acteur·trice·s et institutions du milieu. En 2018, j’ai proposé la constitution d’une artothèque cantonale, soit un service public de prêt d’œuvres d’art d’une manière similaire à celle d’une bibliothèque pour les livres. L’intérêt est aussi de pouvoir soutenir la production contemporaine d’artistes régionaux·ales. Ma proposition n’a pas été acceptée en l’état, mais j’ai obtenu en plénum que le Canton s’engage à améliorer la médiation et l’accès numérique aux œuvres.

Mon interpellation au sujet de la gestion et de la valorisation de la documentation iconographique vaudoise a permis de clarifier les intentions cantonales quand à notre patrimoine visuel. La création de l’Iconopôle, un nouveau service dédié à ce précieux patrimoine au sein de la Bibliothèque Cantonale et Universitaire romande est une source de satisfaction et rentre maintenant dans une stratégie iconographique claire.

Trois autres objets qui me tiennent à cœur:

  • Droit de vote à 16 ans

En collaboration avec les Jeunes Vert·e·s vaudois·es, j’ai déposé une motion en novembre 2018 demandant de modifier la Constitution vaudoise pour accorder le droit de vote aux jeunes dès 16 ans. À l’heure des grèves du climat, je souhaite que la jeunesse puisse s’exprimer dans les urnes comme dans la rue. Mais c’est aussi un moyen de soigner le lien intergénérationnel qui s’effrite: dans une société qui tend à avoir toujours plus de personnes âgées, les jeunes expriment une grande frustration à voir leur avenir décidé par une majorité de gens qui ne verront pas les conséquences à long terme de leurs votes. Une marque de confiance pour toute une génération qui assume d’importantes responsabilités sans pourtant pouvoir participer aux votes qui les concernent.

  • Transport de chlore

Devant l’inaction de la Confédération, j’ai déposé en juin 2019 une interpellation sur les transports ferroviaires de chlore qui mettent en danger la population de tout l’arc lémanique et son environnement. Nous ne pouvons en effet compter que sur le Conseil d’État pour que notre sécurité soit assurée, puisque le Conseil fédéral, dans un récent rapport, a exposé de manière à peine voilée qu’il attendait un accident majeur pour agir réellement. Les réponses à mes questions n’ont pas encore été publiées.

  • Assises de la mort

En décembre 2018, j’ai déposé un postulat traitant de la fin de vie et du tabou qui l’entoure. Je souhaite que les intentions des patient·e·s soient mieux respectées, mais aussi que nous puissions, en tant que société, nous poser la question de la prolongation sans fin de la vie. Des questions presque philosophiques pour nous permettre de répondre aux questions qui seront l’urgence de demain et pour lesquelles j’ai obtenu l’unanimité de la commission et la création d’un groupe de travail consacré à ces questions.

Tout cela n’est possible que parce que je siège au sein d’un groupe des Vert·e·s compétent, diversifié et créatif, parce que l’alliance avec le PS et la gauche est solide et fonctionne bien et parce que, sur certains sujets, nous parvenons à nous mettre d’accord avec le centre et les Verts libéraux. Cela permet d’atteindre, parfois, l’équilibre face à une majorité PLR/UDC sourdes à nos préoccupations. C’est pourquoi aussi il faut augmenter la part d’élu·e·s progressistes au sein de nos institutions politiques au niveau cantonal ainsi que sur le plan fédéral. En effet, au Conseil national de même qu’au Conseil des États aucune avancée significative n’a été possible ces dernières années à cause du blocage PLR/UDC. Et pour toutes ces raisons il est important, cet automne, de voter vert au CN et d’élire Adèle Thorens et Ada Marra au CdE.