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#LéoimParlement – session de printemps 2020

Cette seconde session parlementaire restera sans aucun doute dans la mémoire de beaucoup de personne. Sur un fond de coronavirus, elle fut finalement écourtée. Deux semaines qui ont malgré tout été très intenses. 

Des vies pour leurs profits

Cette session de printemps du Conseil national a traité de tout un panel du soutien suisse aux guerres de ce monde : exportation de matériel de guerre, exportation de biens pouvant être utilisés à des fins civiles ou militaires (biens à double usage), exportation de services de sécurité privée, financement des producteur·trice·s de matériel de guerre. La loi a été changée pour permettre au Conseil fédéral d’interdire l’exportation de matériel de télécommunication qui pouvait être utilisé à des fins de répression sur les populations des pays importateurs. Mais le Conseil national a refusé d’étendre cette précaution à tous les biens à double usage et ainsi d’empêcher le Pakistan, la Koweït ou l’Indonésie (les trois meilleurs clients de la Suisse) d’utiliser des technologies suisses pour réprimer leurs opposants politiques. Le financement du matériel de guerre, auquel participe chaque année la puissante place financière suisse à coup de milliards, a été longuement discuté. Au final, le Conseil national a refusé d’interdire que l’argent de la BNS ou de nos retraites ne subventionne ces engins de mort, y compris les armes atomiques, chimiques et biologiques. Nous avons vu la majorité bourgeoise du Parlement voter deux motions pour changer la loi qui règle les prestations de sécurité privée à l’étranger (LPSP) afin qu’elle ne concerne plus Pilatus.

Revenons sur ce dernier point, assez grave : notre Parlement a approuvé la LPSP en 2013, car il croyait en son principe : empêcher d’exporter des services de sécurité qui sont problématiques pour les objectifs de paix et de neutralité de la Suisse. Mais maintenant qu’une marque bien connue est frappée d’une interdiction d’exportation, il n’y a plus de place pour les principes, mais seulement pour les bénéfices de l’entreprise nidwaldienne. Une « lex Pilatus » qui s’apparente à de la politique des petit·e·s copain·e·s.

Cette situation montre l’hypocrisie qui parasite nos débats au Parlement à propos de la responsabilité de la Suisse dans ses exportations ou son financement de biens militaires, de biens à double usages et de services de sécurité: on sait que les entreprises suisses exportent dans des pays qui violent les droits humains ou participent à des conflits, on sait que c’est éthiquement indéfendable, on est d’accord sur le principe, mais dès qu’il est question d’argent, on peut espérer longtemps que la majorité bourgeoise défende ces principes.

Nous ne pouvons donc compter que sur la population pour mettre le holà face à la soif de richesses des entreprises de l’armement et à la complaisance des partis au pouvoir. Il s’agira de voter l’initiatives contre le commerce de guerre et l’initiative dite « correctrice », pour interdire l’exportation d’armes dans les pays en guerre civile. En somme, la décence minimum.

Multinationales pas si responsables

Dans le même ordre d’idée et ceci depuis bien trop longtemps, notre économie et nos entreprises brûlent la chandelle des ressources de notre planète par les deux bouts tout en exploitant leur main d’oeuvre comme de la chair à travailler jetable. La proposition de l’initiative pour des multinationales responsables était d’y mettre un terme en leur imposant de respecter les droits humains et l’environnement sur un plan international car les dirigeant·e·s de ces grandes structures refusent de prendre par eux·elles-mêmes cette responsabilité élémentaire. Mais là encore, la majorité bourgeoise a rejeté cette solution humaine et juste par 105 voix contre 83 et 9 abstentions. Les deux contre-projets (celui émanant du Conseil national et celui direct issu du Conseil des Etats) n’ont pas été tranché. Avec les Vert·e·s, je continue à défendre l’initiative face aux propositions des deux chambres, bien moins ambitieuse.

Solidarité envers les chômeuses et chômeurs âgé·e·s, mais avec quelle ambition?

Les chiffres du SECO sont clairs : trouver un emploi après 50 ans est une chose complexe voire quasi impossible pour beaucoup de Suissesses et Suisses. Face à cette réalité, le Conseil Fédéral a proposé la mise en place d’une “rente-pont” pour permettre aux personnes qui arrivent en fin de droit dans l’assurance-chômage après 60 ans de toucher une prestation transitoire jusqu’à l’âge ordinaire de la retraite, à condition qu’elles aient exercé une activité lucrative suffisamment longtemps et qu’elles ne disposent que d’une fortune modeste. Je me suis battue, avec mes collègues Vert·e·s pour que cette rente puisse être touchée dès 57 ans, sans succès. Elle ne pourra l’être qu’à partir de 60 ans. 

Après un jeu de ping pong entre le Conseil National et le Conseil des Etats, la réforme a été adopté sur le principe mais pas sur tous les détails, les deux chambres n’étant pas d’accord sur le plafond des rentes-ponts. La droite propose un montant ridicule, qui ne dépassera quasi pas le montant de l’aide sociale. Il faudra reprendre le dossier à la prochaine session parlementaire, et rapidement, car l’urgence sociale est belle et bien là.

Objets déposés

Durant cette session j’ai déposé une motion des Jeunes Vert·e·s vaudois·es demandant un soutien à l’agriculture de proximité par la création d’une taxation au kilomètre de la nourriture importée. 

J’ai aussi demandé à mettre les lunettes de l’égalité à la santé par le biais d’un postulat chargeant le Conseil Fédéral de proposer un rapport sur l’intégration de la perspective de genre dans la mise en oeuvre de la politique ” santé 2020 ” et de présenter les mesures relatives pour ” santé 2030 “. 

Dans le même domaine, ma motion “Intégrer le genre dans la formation et la recherche médicale” charge le Conseil fédéral de faire modifier les critères d’attribution FNS et de renforcer l’application des guidelines nationales pour intégrer la perspective de genre dans la recherche et la formation médicale.